Mouchoirs


Je pense parfois aux mouchoirs sur le ciel
Qui ont offert les souvenirs de leurs larmes
Sur la patience du jardin sur lequel
Je dépose un merci en pensant au pardon
Que je ne pourrai vous offrir, amis,
Lorsque s’envolera mon mouchoir.

Et puis j’oublie déjà.

Sage murmure


Après que la nuit eut versé ses larmes sous son voile de nuages,

Mon regard effeuille tous mes espoirs pour qu’ils soient nus comme les étoiles.

Sans pudeur et sans cris, comme un sourire à la moquerie,

Demain se lèvera sans caprice et satisfait du murmure du matin.

Voiles


Est-ce parce qu’il n’a plus de vent

Que le ciel se défait de ses voiles ?

La nudité habille l’accueil et l’instant

Avant de laisser la lumière en parler.

Ses mots tracent une route

Que le ciel tire à lui

Pour s’habiller d’ailleurs et d’hier

Avant de gonfler ses voiles de chagrin.

Quais en gerbe


Vers l’union des cieux et des terres

Que l’on ne devine que tel un mystère

J’élance mes pas sur les quais

Qui s’étirent d’une lumière à une autre.

Statiques comme chaque seconde,

Ils accompagnent toutes les minutes

Qui s’écoulent comme les larmes

Que l’on retient sans même un sanglot

Dans la gorge de souffles.

De rues en ponts pour couronnes,

Ils offrent leurs repos figés

Comme l’éternité en gerbe apaisante

Pour quelques pas de solitudes

Avant la tromperie de rires et de chants

Comme si rien ne s’écoulait jamais.

Feu du ciel


Sur l’inaccessible qui s’empare des larmes des terres

Une page de nuage s’étale sur le rêve d’un jour.

J’inscris sur son empreinte vaporeuse

Les mots de mon regard imprimé à l’encre de souvenirs silencieux.

Je ne veux pas imposer un bavardage comme celui du ressac

Qui ne cesse de clore ce que je sais de l’origine.

Je ne veux pas imposer ce qu’on ne peut que dire

De nos vertus propres de liberté destinées à toutes celles du monde

Et qu’on finit alors ainsi par condamner comme le possible

Sous le cri interminable du soleil.

Souffles


Il y a ce qui s’oublie sans s’effacer, tout ce qui devient fluide et insaisissable, ce qui noie et reste pourtant source de vie. Il y a les élans taillés qui offrent leur place qui ne pouvait être qu’une promesse perdue pour d’autres élans insoupçonnés ou bien justes redéfinis et qui parlent des choix infinis. Il y a toutes les opinions qui sont restées sans une pensée et toutes les pensées qui ont sombrées en opinions. Tous les mots bavards qui ont fait sans le savoir les mots de silence cachés sous la poussière qui les a réécrits.

Et puis il y a tous ces soleils restés toujours les mêmes et habillés de millions de nuages qui ont fait chaque jour. Il y a eu cette habitude quotidienne qui reste à vivre comme encore une première chance derrière la fatigue de toutes les nombreuses autres qui brillent pendant la nuit pour mort des jours et faisant pourtant en la trompant carte pour chacun. L’espoir s’il n’est pas en chacun de nos souffles est forcément dans l’un d’eux. En ce souffle qui nous étire comme un sourire qui se moque de nos larmes parce qu’il vaut mieux ne les avoir qu’en mémoire offerte à la lumière qui en fait des gouttes de nuages. Vivre est un voyage qui n’est fidèle à aucun vent qu’à celui que chacun souffle.

Elancement de prières


Le vent emporte les fantômes

Dont on entend les prières

Accrochées aux branches des arbres.

Ils abandonnent leurs larmes à la terre

Pour devenir tels nuages de mémoires

Qui offriront toutes leurs eaux

Pour abreuver à satiété

L’avenir qui cherche les étoiles

Regard sur le temps


Ma lucarne figée comme la saison scrute l’âge de l’abandon, le temps des promesses, la moitié de vie répétée.

Au loin, au-dessus des toitures présentant leur profil en parallélogramme de leur cadre régulier, l’hiver peigne les arbres et s’enfile dans les flammes froides des peupliers, tandis qu’auprès de tous les souvenirs élancés de feuilles, conversant sur le vent, s’égoutte le ciel de ses larmes.

La transparence des veines jusqu’à l’origine fera la couleur du printemps tombant en lumière pour l’heure grise, comme le silence sur fouillis de branches sombres de patience comblée de mots bruyants pour tous et brillants que pour soi, même pour toi.

Tic – tac d’hiver


A la recherche d’un trésor, la nuit a fouillé les petits paradis clos délaissés pour le soleil du foyer.

Surprise par le matin, elle a fui en abandonnant les galaxies de pierres précieuses, faites de lumière, de froid et d’eau, répandues en poussière de lune.

Le soleil va les souffler pour les polir comme cristal de larmes avant que la nuit ne revienne pour tenter à nouveau de s’en emparer.

Le temps s’égrène en cavernes de tes oreilles endormies et s’écoule en transparence des heures.

Le temps est un voleur qui ne se dérobe pas.

Poésie 2


Iris gris

Pupille bleue

Larmes sur la ville

Comme autant d’armes tombées de leur cible

Et tandis que tu t’accroches sur chacun de mes mots,

Tu ne vois rien de mon regard qui glisse sur l’instant verni comme les toits de Paris.

Cycle


De deux étrangers

Qui n’avaient de cesse

De trop t’imager,

De leur népenthès,

 

Dans leur espérance,

Comme un voyageur,

Tu offres  silence

De toutes tes heures.

 

De l’eau et du ciel

Enfant de naguère

Vers l’éclat tel miel

Tu t’envoles des terres.

 

Te voici nuage

Couverture des cris

Libéré des âges,

Et l’escroquerie

 

Du profond souffle,

Par eux expirés,

N’est que mistoufle

Dès lors méprisée.

 

Pourtant à jamais

De mer vers lumière

Le mois de mai

Se souvient d’hier.

 

Vers des terres nouvelles

En couloir des vents

Tu pars blanche et belle

En espoir fervent

 

Pour alors donner

En larmes de vie

L’enfant des années

Des chants des envies.

 

Ancre de tes pages,

A ton tour deviens

Mère de ton ouvrage

Et lit des étoiles.

Ce qui se dit


Au tribunal des larmes, peu importe les mots

Puisque tous les spasmes sont les mêmes.

 

Il n’est que des juges de ta vérité

Faisant taire tous les autres chagrins.

 

Change le mot qui fait fond et tu verras :

Déplorable, la forme reste la même !

 

Les larmes comme brûlure de cire

Qui ne savent noyer la bougie,

 

Font le vacarme de leur feu

Jusqu’au juste silence.

Goudron de tes larmes


 

A quoi bon éjaculer l’essence de ta lanterne sur le pavé des rues brillantes à faire oublier les étoiles ?

 

Elles dévorent le chagrin du soleil dans leurs rigoles et reflètent l’éclat immobile qui salue, chatoyant et silencieux, le désintérêt du passant.

 

Derrière ta fenêtre, dans ta main la feuille impatiente de la caresse de la plume, pour enfanter la beauté à l’encre brune, restera vierge.

 

De la traversée immobile en regards courants sur ton allée pareille à toutes, maquillée pour rien et cadencée comme pressée par la mort que chaque figure lit sur le bitume, tes joues se font goudron de tes larmes.

Monde à venir


Photographie : Boris Sentenac (droits réservés)

Photographie : Boris Sentenac (droits réservés)

 

Phares endormis d’un temps de mémoire dans un océan du temps aveugle de lumière, l’éclat en silence habille en ombre la flèche s’étirant vers les étoiles invisibles.

 

Sur la lumière se dessine l’hiver où à chaque extrémité se disent toutes les promesses en solitude froide.

 

Le rempart des fenêtres, chacune unique pour le même reflet, fait secret les regards comme autant de vérités qui s’unissent dans le même mensonge, décrié mais consenti, de la cité.

 

Espoir perdu de bâtisseurs, on accuse le temps d’en être le voleur pour continuer la persuasion de la raison.

 

Océan du temps aveugle de lumière sur phares endormis d’un temps de cauchemar à venir, l’éclat en tintement n’habille qu’en nombre l’indice s’écrasant sur nos larmes d’étoiles.

Souvenirs en lit de rêves


Berceau d’étoiles aux branches invisibles

Plongées dans un seau de survie

En guise de magasin sur un trottoir

Caressé par le dieu des mimosas

Dans sa douceur hivernale et prometteuse

Des couleurs du printemps à venir,

 

Furtif parfum en rire de lumière

Courant en joie comme un enfant

Transparent aux rides faisant couronne

Du regard de leur gardienne qui se sert

De la magie de l’éclat fleuri

Sans plus croire à son langage,

 

La poésie n’est cependant pas bourgeoise.

Elle est la noblesse d’être du temps

Avec la lumière de tous les instants.

Le passant dédaigne le rire,

La marchande s’expose au silence

De larmes sèches arrachées par tous les vents.

 

Pour tous, habillés de nuit,

En sérieuse hiérarchie d’austérité,

C’est une opportunité simple

Au demeurant naïve et manquée

Comme une honte de souvenirs

En paisible lit de rêves pourtant éternels.

Matin


Les empreintes de tes rêves deviennent lits de l’oubli.

 

Au réveil, le ciel est comme page blanche de poète.

 

Au loin, des poussières d’oiseaux survolent l’horizon déchiré des matins.

 

La couverture de vapeur enveloppe en mystère la colline.

 

Elle fait face à son reflet d’évidence par la lumière.

 

L’heure se donne par le soleil qu’on croirait injuste comme la chance.

 

Tandis que l’oubli lisse ton visage,

 

Le ciel se charge des larmes et des sourires de la journée.

Lis vers l’hiver


Illustration : Svetlana Sirenko (droits réservés)

Illustration : Svetlana Sirenko (droits réservés)

 

Par quelles amarres, à quel port et de quelle époque s’accrochent les maisons injuriant la transparence du temps en couleurs comme timbre d’un cri de vie ?

 

Tourbillon de l’instant jetant sa force centrifuge sur les murs gardiens des mystères de chacun, en italique inversée, on devine les trésors jaunis des placards du fond des ombres.

 

Tandis que la brise de demain balaye la poussière dans la poubelle d’hier, jouant du ciel et d’un arbre éteint aux feuilles de plumes engourdies, la lune chante sur ces violons. Ces cordes de briques, de bois et de terre jouent en nostalgie.

 

Paradoxe du vent qui souffle dans l’oubli tout ce qui s’accroche sur les larmes qui font la survivance de tout ce qui est mort. En guise de réponse apaisante, c’est au crépuscule qu’on célèbre la lumière pauvre et froide en vernis et en pigments.

 

En robe de silence et de constance tel galet sans autre âge que celui de l’éternité, ton chien te suit en patience guidée par sa confiance sans condition et ne traite ainsi le temps qu’en sa présence.

 

Que regardes – tu dans l’invisible qui te fouette ? Crois – tu que la vie est toujours pour demain ?

Quand soudain…


Tandis que la place s’étale dans un bruit diffus, le temps se fige par la lumière de ton regard habillé par la malice de ton sourire à faire blêmir celui de la nuit. Il n’est plus d’autre étoile dans mon souffle saccadé, en voyage sans boussole, guidé par un vent de tempête à la seule rigueur de ta caresse.

Quand soudain…

Le silence prend sens. Nous errons depuis quelques mots d’inconnus médusés dans l’étonnement qui se refuse  à sa raison. Il se répète comme pour revenir sur une erreur.

Quand soudain…

Certain du langage, la colère reprend le silence. Son souffle léger s’envole, irrattrapable comme un enfant qui court avec le rire de toutes les émotions. Tristesse, colère et peur se mélangent avec la joie encore vivace de l’instant d’avant.

Quand soudain…

Notre essentiel naissant devient malgré nous indécent. La joie est morte : fusillée loin de là. Il n’y a plus de lieux, plus de couleurs. Les larmes sont encore en caverne tandis que le soleil pétillant de nos verres n’a plus d’inclination dans ses messages de toute soif.

Quand soudain…

Le premier temps d’un amour qui s’avoue éclate avec l’écho des canons sans aucune raison tandis que d’autres, voilés par la folie, meurtriers et ignorants de la lumière de ces instants, se font exploser pour des idées aspergeant sur notre idylle comme sur leurs victimes une mort pour rien.

Quand soudain…

Il n’est plus d’autre étoile dans le souffle saccadé du monde, en voyage sans boussole, guidé par un vent de tempête à la seule rigueur du chaos.

Il nous restera ça


Photo : Boris Sentenac, droits réservés

Photo : Boris Sentenac, droits réservés

Les étoiles de la ville

S’étirent silencieuses

Et sont comme engourdies

Sur les rides mystérieuses

De la couverture des espoirs

D’horizons manqués.

Et quand les mots s’échouent

Sur le souvenir du départ

Et de son soleil de certitudes

Lui-même parti du port,

.

Il nous restera ça.

.

Ciel de suie

Comme vieux papier mâché

Sorti du coffre de l’enfance

Gardé par la poussière

En dernier rempart,

A l’ombre improbable

Des larmes d’étoiles

Evaporées en timide dignité

Par la lumière prétentieuse des hommes

Sur toutes les prières.

Le visage du rêve (3)


le visage du rêve 3

(Illustration : Boris Sentenac, droits réservés)

Les larmes nettoient les tempêtes,

L’aube rouge du rêve réveille

Le mystère de la lumière.

.

Le rêve est la dictature

Que tout espoir sans luxure

Habille de grands voiles légers.

.

Le souffle éparpille par miettes

La congère d’ombres des uns

Sur l’éclat de tes jeunes heures.

.

Visage d’étincelles sur songe

La vérité apparaît

Aussi merveilleuse qu’un rêve.

Voir « Le visage du rêve (1) » en cliquant sur le lien suivant

Visage du rêve (1)

Souvenirs de guerre


A Alice et Robert Topart

Guides du savoir ancestral perdu dans les ténèbres, mères d’espoirs de lendemain à naître des mers, chaque nuit le silence des cieux lève les regards prosternés le jour face à la parole aveuglante.

La lumière qui s’éveille incendie déjà comme toujours le scintillement des étoiles dont il ne reste que les larmes sur le devenir de chaque rose.

Réveil d’un monde sourd au réveil de chacun, pourtant inlassable même jusque dans la poussière des hommes aux feux cadencés, rythmé de tambours, flamboyant de souffle dorés en commémorations immédiates des cris et des sifflements d’horreurs larguées. Gloire de raisons sourdes que braillent les convaincus aux nuages pourtant pareils pour tous.

En ce jour de plus du jeu des feux, le crépuscule raconte le gâchis et lance le souvenir de la rosée dans le bavardage des astres.

Plus tard, dans ce qui aurait dû être le temps de l’oubli, de l’éclat d’étoiles qui souffle la poussière des hommes, il reste néanmoins les nuits blanches déchirées par les éclairs suivis de l’écho des réminiscences.

Un fini


Photo : Margot Roisin, tous droits réservés

Photo : Margot Roisin, tous droits réservés

 Photo extraite du blog :

https://regardsdicietdailleurs.wordpress.com/

Il n’est d’adieu qu’au vent. Perceptible transparence, glaciale, brûlante, peu importe la chaleur du fouet puisqu’il prend le temps de tuer le temps.

Brise caressante empoisonnée, agonisante de silence, étouffée en dernières salves comme furie avant l’imminence d’un ange qui n’ose passer.

Larmes qui ne feront jamais noyade alternant avec la colère sur souvenirs s’envolant comme poussière pour rires d’enfant s’exclamant « encore ! » et faire de tes sourires vice de caprices.

Absolu explosant l’éclat des instants en dates figées de scintillements pales et de mensonges. Un fini sur lequel la poussière envolée en fait couche opaque et éternelle insensible et pourtant pareille au vent.

Noyade des différences


La mer te raconte ses souvenirs d’horizon qu’elle dit en ressac, confondant son éternité avec l’instant de tes soupirs.

Tandis qu’elle s’étale épuisée de souvenirs qui rident le sable d’espoirs agonisants, le tombeau de joies avortées n’ayant que faire de tes sanglots est frontière entre renoncement et volonté.

Tandis qu’elle recule refusant l’abandon, la fatigue la soumet à nouveau. Elle ne peut, en silence choisi, taire en mystère de flots ton désir d’îles transparentes d’ici.

Tes larmes d’étoiles s’écoulent sur le bassin de sanglots d’une vérité à jamais rendue sourde. Pourtant, à l’instant de la noyade des différences, tu vois le trésor de chaleur faire sa quiétude de l’horizon.

Vogue plutôt que de sombrer dans les paroles submergées puisqu’il te reste à vivre…

Lumière d’absence


Laisse toi porter par les brises comme l’amour porte plus loin les regards que ceux d’un indien stoïque scrutant mystérieusement l’étendue des terres immobiles.

 

Il n’est de plume d’amour qu’en simple ornement d’ébène long sur peau d’automne. Dans les cieux, la lumière ne prend couleur que par impraticable détour.

 

Incontournables fulgurances d’étreintes comme impossibles orages de nuit sur ta haute montagne, les mélodies improbables sont vacarmes de larmes.

 

Au soir de la patience, sous les étoiles comme paupières ouvertes, à l’encre brune, plutôt que de crier l’absence au charisme d’une utopie, chuchote l’évidence pour la danse du regard du pâle voyageur avec qui tu partages tant de lunes.

Evolution


Soleil tu bouleverses les ténèbres. Ainsi, tel un dieu tu es une possibilité passée juste en cours d’évolution. Tel un homme tu t’épuises jusqu’à ta déchéance.

En fruit de lumière et de chaleur, éclatant de couleurs promises mures en espoir de larmes avant de nous parer inévitablement de fatigue, comme l’astre est lumière, en miroir aux alouettes, on se fait sucre par préférence illusoire comme la promenade de l’ombre sur l’éternité.

Rien n’est irréel sauf la vérité qui, furtive et multiple, bien que nécessaire dans ses mystères, se fait mensongère.

Trois saisons et une nuit


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photographie Boris Sentenac (droits réservés)

 

Pour toujours est une promesse de renouveaux éternels.

Caressé par la brise nouvelle au parfum de la naissance, d’un vent timide tu te voues à étirer le don dans la promesse des chaleurs.

Face cachée de la nuit, temps oublié comme évaporé par l’été écrasant de mensonge nos cœurs lovés rêvant d’éternité, nous voici monument d’écorces secrètes, comme mains tendues, père et mère des bijoux verts de notre haute montagne tutoyant l’horizon lointain.

La ride rappelle la vérité de l’éternité. Garde ton sourire plutôt que, s’écoulant finissante, la transparence des larmes des feuilles qui se font soleil crépusculaire à l’aube de l’absence et des gerçures. Traverse encore et à nouveau les trois saisons suivies du règne de la nuit en patience douloureuse pour honorer la promesse de renouveaux éternels.

Manège de graine


Manège de graine

Photos : B. Sentenac

Je me souviens, enfant, dans ce parc aux marronniers fournis se faisant ciel des soirées de fêtes braillardes, tournoyantes et comme insultant la nuit. Pour quelques sous se faisant promesse de la lune contre quelques tickets de droits, pour rêver en cadence de grosses caisses, je me faisais pilote d’ailleurs vers nulle part.

D’une graine qui s’est faite tronc secret de ses pleurs suspendus pareils à l’oubli du socle de l’union comme rêve perdu d’amoureux subitement éveillés, en fontaine verte, le saule se fait caverne en ronde de larmes retenues par l’élan retombant alourdi par sa vie. Comme une couronne qui sait la révérence, le saule trône sur mon jardin.

Me voila, enfant mort, face à ce manège vert en attente vaine mais immuable de rires par ses pleurs éclairés, s’étirant comme lassé, pour contrer la patience précédant l’éternité pourtant déjà à jamais entamée.

 

Les coupables de l’ardeur


Le soleil, en secret, derrière l’horizon fait des hauts nuages les réminiscences de l’amour avant que le ciel ne se couvre par un tricot sombre à grosses mailles de larmes qui gifleront la vie comme le jugement des différences, meurtrier pour les uns et rassurant pour les autres, s’accaparant, comme la nuit aveugle à venir, l’éclat rose.

 

Pour ces coupables de l’ardeur, il est alors temps de laisser s’écouler le clandestin crépusculaire en rêves déchaînés de demain comme lumière et chaleur au fond de leur caverne.

Perspective filante


Séparés par le rempart du reflet muet des vitres fumées, se gardant à leur départ les sourires de larmes que la dignité retient parfois, les bras tendus lancent du vide qui s’accroche vainement et pourtant si fortement vers ce qui file dès lors vers d’autres bras aux sourires dont on veut croire qu’ils refusent déjà la fin en son début de la trêve de l’absence, comme une prière qui s’étendrait nonchalamment depuis toujours et à jamais. A l’instant obligé par le sifflet strident et le claquement des portières, l’échelon étroit de la longue voiture à la perspective évidente semble narguer le quai.

C’est ainsi que part le train bondé de joies, de colères et d’espoirs déçus qu’on tente de faire survivre dans un silence de politesse. Il part vers le crépuscule figé depuis le dernier retour en s’arrachant d’une moitié de vérité, qui s’abandonnera avec l’indolence furtive des nombreuses prairies insignifiantes et traversées avec ennui, pour faire place à son autre moitié aussi criante de mensonges d’origine éparpillée en gâchis que la sirène qui s’écrase sur la carcasse qui nous sert de reposoir, venue de là-bas et nous croisant, nous rappelle alors violemment.

Le train roule alors très vite comme pour rattraper les années perdues vers les mêmes étoiles qu’en gare de départ, criantes de l’inutilité d’un partage de bonheur convenu et ainsi habillé de la banalité de la futile communication savante, comme moqueuse de l’essentiel, de l’absence et du lointain.

Les larmes restées sèches s’oublient dès le bonjour devenu flétri et pourtant rare des bras tendus vers l’invisible éclaté dès lors que notre pied foule l’échelon étroit de la longue voiture qui a perdu sa perspective dans son évidence, et qui semble narguer les sourires aux temps depuis toujours et à jamais pressés…