Trahison


Le gravier blanc du jardin
Discute avec le soleil
Qui pourtant n’écoute pas
Ses mots gorgés du reflet
Pareil à celui des hommes,
Et sur lequel éblouis,
Par sa lumière qui n’est pas,
Je croise mes pas tranquilles.
Sa ruse n’est trahison
Qu’à ceux qui croient en son rêve.

Lent réveil


Le soleil réveille l’éminente tour comme pour lui retirer sa couleur d’ombre et lui indiquer sa haute mission. Endormie elle se laisse caresser par la promesse de la lumière, dans son silence mystérieux pour robe de nuit.

 

Déçue par la promesse de la lune devenue comme elle simple nuage, la fumée blanche élancée d’une cheminée appui l’astre en son bavardage. Elle semble désormais prétexter de sa chaleur pour recevoir sa protection.

 

Les corbeaux donnent leurs ordres tandis que les pigeons semblent feindre un lent réveil.

 

Le temps d’un poème, pour seule réponse arrogante, les vitres noires renvoient un éclat du matin avant d’étaler enfin leur aiguille sur la ville.

 

La fumée blanche insignifiante semble déçue de n’être qu’un bruit de transparence. Elle semble se cacher derrière sa soumission ne gardant que des mots de superstitions.

 

Les corbeaux donnent encore leurs ordres et les pigeons acquiescent tandis que les hommes boivent toutes les plumes amères en lent réveil.

Baisers de brouillard (poème)


Le visage du ciel dérobe la gravité du monde.
De baisers en étreintes, couleurs dévorées,
La fraîcheur de l’instant née de toutes les chaleurs
S’étend pour rendre illisible les secondes qui s’écoulent.

Le souffle de la nuit chasse la poésie
Que les hommes, absents en ces heures
Et pourtant se signifiant omniprésents et aveuglés par leurs lumières,
Habillent encore et toujours de leurs étoiles.

 

Si vous voulez voir ou revoir le film poétique « Baisers de brouillard, cliquez sur le lien suivant :

La mer (Margot Roisin, Boris Sentenac)


Elle s’élance, les bras ballants, dans son mystère
Haussant ses mille et une épaules saillantes
Pour se parer d’éclats de soleil.

Elle étale, sur son ventre danseur,
L’huile et l’or bourdonnants
Pour cacher son nombril en coquille.

Clins d’œil, lents balanciers de cette fragile paupière
Qui sans fin, s’ouvre et se referme, aguiche les mots :
Elle prend ce qu’elle ne rendra jamais qu’à la nuit.

Elle me rappelle, en langage secret,

Aux mensonges des hommes.

Hommes d’hiver


La lumière étale ses métaux précieux sur les plus hautes vitres, comme s’il s’agissait de son unique parole à l’instant froid fait de couleurs engourdies.

Maigre excès furtif irréel sur la réalité qui compose la seconde froide d’ici venue des chaleurs de si loin.

Puis, dans ma course vers ce que j’aurai oublié demain, il n’y a plus que l’hiver qui ressemble aux hommes.

En commerce monnayé d’empathie, ils s’expriment en mots de caresses, pour prétextes à l’expression des suivants piquants.

En dépit des lumières qu’ils projettent, ils font un monde qui n’assume pas et s’effraie même de la responsabilité de ses propos à tenir.

Ils les savent fondamentalement en dépit du déguisement des flatteries. Ils savent qu’ils sont criminels sans prévenance. La voix dit ce qu’elle ne veut pas entendre. Mauvais chant, on ne danse jamais en ce bal masqué.

En dépit de l’éclat de leur sourire, irréprochable comme une excuse, trop d’hommes sont fait d’hiver.

Il nous restera ça


Photo : Boris Sentenac, droits réservés

Photo : Boris Sentenac, droits réservés

Les étoiles de la ville

S’étirent silencieuses

Et sont comme engourdies

Sur les rides mystérieuses

De la couverture des espoirs

D’horizons manqués.

Et quand les mots s’échouent

Sur le souvenir du départ

Et de son soleil de certitudes

Lui-même parti du port,

.

Il nous restera ça.

.

Ciel de suie

Comme vieux papier mâché

Sorti du coffre de l’enfance

Gardé par la poussière

En dernier rempart,

A l’ombre improbable

Des larmes d’étoiles

Evaporées en timide dignité

Par la lumière prétentieuse des hommes

Sur toutes les prières.

Des bruits (3)


Les jeunes avec les jeunes !

Les vieux avec les vieux !

Les riches avec les riches !

Les pauvres avec les pauvres !

Les noirs avec les noirs !

Les blancs avec les blancs !

Les homosexuels avec les homosexuels !

Les hétérosexuels avec les hétérosexuels !

Les fous avec les fous !

Les malades avec les malades !

Les hommes avec les hommes !

Les femmes avec les femmes !

Et maintenant que chacun est bien au chaud

Dans sa case à choix multiple, coffre de ses secrets,

Parlons du vivre ensemble avec,  pour maître mot,

La tolérance (acceptation par défaut de la différence).

Revendiquons par pluie d’images et de bon sens

A faire frémir toute intelligence.

Nourrissons nos propres images respectives et individuelles,

Derrière nos portes verrouillées et nos lumières blafardes d’écrans

En guise de courage et de gloire.

Passons de fenêtres en murs

Pour crier le silence du virtuel de nos vérités assénées

Et détourner alors, dénués de sens,

A l’exception de nos peurs enfouies,

Tous les regards quotidiens

Vers le mensonge de nos chants de sirènes.