L’oubli du rêve


dessin Etéri

Dessin : Eteri Ramani (tous droits réservés)

Ton rêve délavé

S’échappe une ultime fois

Et tu tentes de le retenir

En ton dernier sourire.

*

Il te parle d’hier

Tandis que, vaporeux,

Il s’échappe enfin

Vers son éternité

Pourtant tant redouté.

*

Dernière caresse,

Ton sommeil recouvert

De toute la quiétude

De l’oubli pour l’espoir

Sera le souvenir

Qui te fera sourire.

*

Demain, céruléens,

Les cieux t’arracheront

À l’unique horizon.

Lumière de guitare


A Mathilde Kaori

(guitariste avec qui je prépare une mise en musique de certains de mes poèmes)

De verres en fumées
Les cordes tendues
Ont déliés les mots figés
Jusqu’alors restés nus.

Ton étoffe sur mon étoile
Eclaire l’instant
Sur ce qui a pris la voile
Mais qu’encore tu entends.

Par ta vie traductrice
Sans trahir l’apaisement
Tu te fais séductrice
D’hier en cheminement.

Lumière de guitare
Préparant l’adieu
D’un éclat resté sur le tard
Tu fais silence des dieux.

Pauvre imbécile


Avec le temps pour témoin, la fatigue à épousé la colère
Sur ce chemin encombré, où j’ai oublié mes sourires
Pour quelques forts bavardages en reflet d’être.

De ces vents sortis de ma bouche
J’ai soufflé sur la poussière qui a occulté
Le chemin où je te prenais la main.

J’ai soufflé la poussière, oubliant la prière,
Jusqu’à ne plus voir Antarès
Et ne plus voir ton éclat.

Dragon bleu, j’ai brulé mon rêve,
Ma cendre ne sera jamais poussière de lune
Qui souriait à nos regards lointains et amoureux.

Il m’a fallût en pauvre imbécile
Etaler mes larmes des cieux jusqu’en mes terres
Pour me rappeler nos étoiles.

Parure d’orage, tempête en lieu et place de douces brises
Avec arrogance, j’ai oublié d’aimer
Simplement parce que je t’aimais.

Le silence ne s’éteint jamais,
Il est envahi par le bruit,
Et je ne te sais plus que pour rien.

Comme une vengeance


Il y a longtemps, tu étais bien jeune,
Un serpent s’est niché en ta mémoire.
Libère toi de son sarcasme, ex-élan venin pueril
Qui s’’étire encore et envahit tes envies
Ne se révélant que trop semblables à l’antidote du poison.
En vengeance à la morsure de ces mots
Tu fais ce qu’il t’a dit que tu ne ferais jamais,
En riposte pour t’en faire une preuve.
Mais la vengeance n’est en rien la guérison.
Elle est comme la mer :
Elle ne se suffit d’une seule vague,
Ni de toutes celles passées
Et, devenue opportuniste,
Elle ne pourra jamais se satisfaire des milliards à venir.
Elle se condamne pour l’éternité
Qu’à ne caresser la terre
Qu’elle ne peut que croire adorer
Ou qu’elle en vient même à oublier d’aimer.

Tous les espoirs


Le vent a soufflé laissant la terre comme neuve

Sous ses larmes d’étoiles devenues illisibles.

 

Puis le soleil, comme chaque jour, s’est levé

Sans même s’étonner de la lande qu’il éclairait.

 

Nul oubli, et après quelques spasmes de souvenirs desséchés,

L’astre à son zénith n’éclairait plus qu’en douceur et en savoir.

 

Place est faite à tous les espoirs

Qui scintillent à nouveau entre les jours

Sur le chemin


Il n’est pas de chemin
Qui ne soit balisé
Pour que les obstacles
Ne réduisent le champ de vision,
Pour qu’ils ne soient pas prétextes
D’influences clamées en mots forts dictés
Sur le chant du bonheur.

En nos bois, le chant des oiseaux
Sur la musique de la brise,
Accompagnait nos pas.
Tu as ramassé une plume
Et en voulant rejoindre l’oiseau,
Les chants sont devenus muets.
Ton ardeur les a fait fuir.

Le silence assèche la forêt.
Désert de couleurs et de senteurs,
Tu l’as cru sourde
Au point de te faire fourbe.
Tu fais taire même tes mots de murmures
De ta propre plume
Pour ne plus dire l’essentiel.

C’est ton silence sec
Qui retient tous les élans.
Mais de ton souffle d’hiver,
Lorsque les feuilles seront tombées
Et que la lumière timide et froide
Eclairera le chemin,
Tu sauras et je serai quand même là.

Le vent


Le vent s’engouffrait dans la voile
Sans plus jamais en faire un ventre
Il se contentait de chanter.

Le vent a repris son souffle
Sur le mat squelettique
Il a offert un silence furtif.

Le vent s’est alors fait tempête
La voile s’est gonflée vers l’horizon,
Et se sont arrachées les amarres.

Le vent est le voyage,
Le choix rond de la voile
Loin des terres quadrillées.

Le vent ne mène à aimer
Que tous les rêves de la voile
Et j’oublie le gouvernail.

Le vent s’essouffle
Ici en un nouveau port,
Et s’effondre la voile.

Le vent emporte
Mes désirs et leurs prétextes,
Et m’offre d’envoutants parfums.

Le vent est le piège
Qui étire mon premier sourire
En langage de papillon.

Le vent est ignoré :
La caresse de bavardages
Fait les nouveaux nœuds.

Le vent de l’absence s’oublie :
Mais de toutes croyances d’amarres
Ne naitrons que de nouveaux espoirs…

Illusions


Le brouillard au matin était la promesse
De L’éclat bleu du jour.

Amarrées aux plus hauts monuments de la ville,
Ses eaux ont noyé leur langage.

Les vapeurs n’empêchent l’éclat des cieux
Mais il ne semble briller qu’à blanc

Au soir, la couverture s’étale sur les fières lumières
Qui ne peuvent percer le symbole initial.

Je ne sais rien de ce jour,
Rien des eaux, rein des cieux.

Et sous l’éponge des heures, en silence
Rien ne change, pas même l’illusion.

Influences spontanées


Mon regard statique
S’offre les vagues blanches
Tandis que le soleil discute
Avec la mer de la fenêtre.

Voyelles de lumière
Et consonnes d’ombres,
Les murs écoutent
Cet instant des influences.

Légèreté de silence,
Abandon de l’heure,
Berceau de paupière,
La liberté est spontanée.

Dimanche


Sur le fleuve d’un dimanche
S’écoulent en paroles
L’apaisement de secondes.

Le courant par toutes ses eaux
Emporte les larmes
En s’étirant sur les heures.

Les berges observées
Sont délices des temps passés
Qui chantaient des jours à venir.

Bélandre sur l’onde
Raconte en l’instant
Ce qui devient intemporel.

Les reflets scintillent
En simples bavardages
Furtifs et comme éternels.

Et quand vient le ponton
La virgule de ce dimanche
Nous dépose en de nouveaux jours.

Alcool


Désastre à venir du silence
Par le sang des terres ensoleillées
Qui dénude sans charme l’âme
Et enferme le cœur
De fortes paroles
Aux ennemis improbables
Guerroyant sur l’idée
Comme s’il s’agissait de l’identité.

Ivresse pour fuite
Des murs devenus dès lors
Sourds à l’essence éclatante
A faire pâlir l’or,
Tu tacles l’invisible vivant
Et sombres entre deux Ô
En ta stupide certitude sur l’océan de ta croyance
De ton intouchable bonheur.

Remède des peurs,
Evasion d’un instant pour un autre,
Tromperie sur vérité,
Ennui exalté,
Prétexte d’instants,
Tonnerre de solitude en désamour partagé,
Avant leur heure
Tu bois tes étoiles en horreur.

Comme


« Oh mon dieu que c’est joli, la pluie »

« Pierre », Barbara

Comme autant de souvenirs d’étoiles
Qui s’effondrent sur la ville
Et ruissellent sur ses rues figées
Juste dans ce qu’on imagine être leurs passés,

Comme autant de poussières
Ramassées justifiant la fuite
Des flots unifiés vers les bouches
Promettant les chemins secrets de leurs avenirs,

Comme autant de virgules de silences
Qui giflent les habitudes
Et font autant de présents
Arrogants sur l’éternité,

Comme autant de mots
Transparents comme le besoin,
Euphorisant pareil à un chant,
Mais qui ne disent que trop l’envie sur la vie,

Comme autant de certitudes
Uniques mais éphémères
En dentelle ravissante sur l’instant
Ainsi déguisé en beauté,

Il pleut.

Aurore


Ta promesse habillée en voile de mariée
Est tel le sourire d’une belle inconnue.

Tu verses tous les bavardages de la nuit
Dans la tasse de l’amertume fumante.

Ma main tire et plisse ta longue robe blanche
Et tu t’endors comme enchantée par les rumeurs

Qui, mal retenues par la fenêtre, s’étalent
Sur tes draps emprunts de toutes solitudes.

Pour toujours


Soupçon de souffle
La nuit s’empare de toi
Et me recouvre
De son drap de silence.

Le néant pour rêve
Sur le cauchemar d’hier
Sera l’éveil salutaire
De l’oubli des fumées.

L’amour consumé
Cigarettes oubliées
Coma de renaissance
Un Tout naît de rien.

Le mystère est langage
De demain et me parle
Rassurant et paisible
Comme tu te tais aujourd’hui.

Adieux si bel amour
Et que commence
La promesse faite
« Pour toujours »

Quelques soleils de plus


Un soleil de plus
Pour effacer l’hystérie
De nos lumières
Bruyantes et sensationnelles
S’étire dans sa couette grise
Tandis que la lune
N’est plus le reflet
De nos regards croisés.

Un soleil de plus
Gris n’offrant qu’une ombre
Fatiguée et toujours empressée
Comme horloge
Languissante de caresses
Sous les étoiles
Que la ville fait souvenir
Outrageusement oublié.

Un soleil de plus
Marquant sa virgule
Pour luxe des chaires
Comme mots forts
De cent rages qui sans page
S’enragent s’engagent sans gage
Sous la pluie des lumières
Opulentes à tamisées.

Un soleil de plus
Avant que l’oubli des astres
Comme fuite du Désastre
Ne soit vie d’orages
Rien que de passage
Découvrant ton sourire
Sur le trottoir brillant
De larmes d’étoiles.