Chimère


A l’ombre d’un arbre fait de branches s’élevant comme des axiomes de tous et de rien et qui se voudraient trop bavards, le silence du manque s’accroche au vent venu d’un ailleurs qui se fait ici comme là – bas.

 

La fenêtre ouverte sur les ténèbres de la lucidité, dans cette chambre peinte couleur d’étoile, aspire l’espoir et laisse les larmes de la hantise du sourire qui se fait lumière des nuits.

 

La chimère s’établit sur de maigres convenances en guise de pensées. Pourtant, elle ne peut jamais s’opposer au bonheur consenti. Ainsi, pour toi et de tout, comme s’il ne fallait plus que panser les cris du rêve, ne désespère pas d’un monde désespéré.

Le silence de la lune


Puisqu’on ne peut regarder le soleil,

comme on accroche des voeux de tissus

sur des croix de fer des terres tutoyant le ciel,

la lune, illuminant les nuages

qui voyagent avec les caresses des liens

et qui se taisent tous devant elle,

renverse les ténèbres aveugles

et se fait messagère discrète

de points de suspension d’espoirs

en échos et comme jouant des évidences,

secrète et froide mais partagée,

elle reçoit les silences qu’elle absorbe

avant d’être le vis-à-vis des lucarnes embuées.

Aèdes de notre chemin


Comme liée par le nœud de l’ombre d’un châtaignier gorgé de richesses d’hivers, la croisée des chemins, déjà chacun caressé dans l’inconnu par le partage des mêmes étoiles, aux distances d’un même horizon de papier et d’encres tressées en amarres, brise le silence des prières accrochées et déchirées sur les chapelets de chardons touffus en rempart de l’espoir.

Le hasard nous donne la main.

Ainsi, comme une chance lancée en couverture d’un monde pareil au sourire d’un bonjour, en chants de couleurs des terres et de ses jeunes promesses, la transparence des mots s’éveille à nous : aèdes de notre désormais même sente de sens.

Tu sais…


Sous la nuit de vie, loin de toi qui chantes la caresse des mots, le voleur de sens : ce damné d’un monde se faisant démon du monde, revêt le feu et hurle la tempête de son « jamais » vers ton rêve d’un « peut – être ».

Loin de lui, le vent, à qui tu murmures ton amour aussi lointain que le soleil, te console par ses douceurs asséchant les perles d’aurores solitaires. Il emporte alors tes parfums furtifs et l’essence des couleurs ouvertes vers l’impossible et se garde l’écho de tes « pourquoi ».

Mais tu sais l’immensité des secrets qui forment les mensonges à révéler. Et tu sais que la mer veille, absorbe l’éclat et se fond dans la nuit des tempêtes aveugles. Tu sais…

Illusions savantes


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Du cracheur de vagues de soleil, jouant des frontières obscurément nécessaires confrontant les éclaboussures manquées, se faisant alors astérisques de cosmos, à l’univers de la reine des étoiles tournoyantes et filantes, comme on jetterait un sort sur l’amour pour qu’il ne soit pas moindre que l’enveloppe de lumière furtive limpide et prétentieuse, jaillit, comme du divin né des hommes, un savoir du mensonge.

De ce reflet de source de mystères de nos batailles larvées qu’incarnent ces dragons du cirque de nos vies transcendant la nuit, surgit la passion qui finit brûlante d’arrogance ne se faisant que l’expérience sourde dans un regard de corbeau qui semble avoir déjà ouvert ses ailes de minuit sur l’éclat de passage dans le reflet exalté et pétillant de nos yeux d’enfant éternel.

Fenêtre ouverte


A l’heure où les rudes clochers abandonnent la surveillance d’un quotidien habillé de traditions jaunes et bleues, te voici confinée dans le sortilège de la contradiction de l’heure sombre envers l’imperfection de nuances solaires étalées autour de ton confort drapé de la fuite nécessaire.

Derrière la fenêtre laissée ouverte, apparaît l’embarras du choix du songe sur le temps qui semble se moquer des lumières filantes parallèles, s’étirant vers des mystères prévus pour d’autres en bruits réguliers et mourant d’horizon, irritants quelques gardiens de jardins qui finissent, pour s’assurer d’avoir chassé ces voyageurs tardifs, par humer la brise qui caresse tes songes naissants au cœur de la bataille d’étoiles contre leurs répliques, au faible vertige, que le printemps rend éclatantes et figées et qui, par les lampadaires pétrifiant l’éveil fatigué des routes, pétillent de dorures sur leurs branches de gardes en treillis.

Dans le temps distendu de l’éclat de ces gardiennes qui se fondent dans la vie et qui suspendent la mort, ton rêve éclate la suprématie des horloges anachroniques du moment.

C’est ainsi, fenêtre ouverte que les regards de la nuit se posent sur tes rêves qui s’envolent, comme dérobés par les ténèbres et aux couleurs absorbées par la lune, fenêtre ouverte et paupières closes : comme un premier « je t’aime » lancé à l’espoir.

Au long des treize rondes blanches


La tombe de l’Interdit, couverte et drapée des rêves et des heures tardives des éclaboussures de soleil asséchées, au poids alourdi par le népenthès qui s’écoule dans la confiance qu’augure le dernier effort de confort tandis que le visage, comme on parle à Dieu, offre son sourire à l’horizon du songe, encore inconnu et certainement déjà oublié, qui trompe la pénombre et qui se moque des étoiles et de la mort avec l’arrogance silencieuse et nécessaire pour la quiétude de la virgule chaude et moelleuse, accueille notre certitude déjà endormie du lendemain en caresse bourgeoise habillée d’ennuis qui, tout au long des treize rondes blanches, s’écoulent le jour en nuit.

Silences reconstitués


Les grues élèvent nos abus brûlants d’excuses et de bon sens déguisés en bonheur, que l’on remplit d’armoires vieillies et cirées par la caresse intactile des poussières où s’entassent les oublis des maigres joies soldées pareilles à nos amours, confondant ainsi, comme inévitable, l’envie du besoin et nous jetant dans ces maigres nouvelles croyances au comptant comme pour nous garder alors des averses diverses.

Au loin, comme s’il s’agissait de rêves, lorsque la mort rencontre la vie, les jeunes pousses frêles, timides comme engourdies, s’élèvent pour atteindre leur vérité simple et ignorante nourrie par les averses de soleil.

Réduit en réminiscences, notre savoir de temps inconnus ne chante qu’en silences reconstitués.