Pupilles noires


Poussière d’hiver pour cendre d’été

L’ombre est charbon d’hier

Glacée par le déni de l’abandon.

 

Comme tous les souvenirs,

L’offrande de la lumière

Est sous l’horizon.

 

Soleils bleus, soleils verts,

Paupières d’espérances

Et parfois de confiances,

 

Finissent ouverts

Sur les pupilles noires

Et dilatées du silence.

Rue de la mémoire


Chaque goutte de pluie est comme une fraction d’éternité qui s’étale sur le trottoir de la mémoire.

La rigole s’abreuve de l’oubli tandis que le bitume brille pour mes pas destinés à trouver autre lumière que celle de sa rue.

En corbeau de prairie je chasse, immuable et sans distinction, les nombreux pigeons et les rares colombes.

Et dans les égouts, mon enfance rit encore en sautant dans quelques flaques d’erreurs englouties.

De l’eau et de la lumière il me reste en poche quelques mots gentils pour quelques soleils en verres.

Je sais la banalité qu’hier n’est plus et que rien n’est certain pour demain sinon que l’espoir d’un éclat encore obscur.

Rien n’est grave puisque tout peut l’être et puisque savoir ne suffit pas, puisque rien n’existe sans son contraire,

En traversant la rue, chaque goutte de pluie est comme une fraction d’étoile qui s’étale sur le trottoir de la mémoire.

Quelques soleils de plus


Un soleil de plus
Pour effacer l’hystérie
De nos lumières
Bruyantes et sensationnelles
S’étire dans sa couette grise
Tandis que la lune
N’est plus le reflet
De nos regards croisés.

Un soleil de plus
Gris n’offrant qu’une ombre
Fatiguée et toujours empressée
Comme horloge
Languissante de caresses
Sous les étoiles
Que la ville fait souvenir
Outrageusement oublié.

Un soleil de plus
Marquant sa virgule
Pour luxe des chaires
Comme mots forts
De cent rages qui sans page
S’enragent s’engagent sans gage
Sous la pluie des lumières
Opulentes à tamisées.

Un soleil de plus
Avant que l’oubli des astres
Comme fuite du Désastre
Ne soit vie d’orages
Rien que de passage
Découvrant ton sourire
Sur le trottoir brillant
De larmes d’étoiles.

Toujours trop tôt (en métro)


Tunnel de la ville aux heures du tunnel de nuit,
Mutisme comme tous les rêves empêchés,

Punis, sans satisfaction de contrefaçon,
Il ne se se prononce aucun mot accusateur,

Sauf ceux des regards, dévorés par les néons
En lunes absorbantes de toutes les paroles.

Le silence est religion, défense de soi
Défendant le silence : pudeur des regrets.

En chacun, éternellement tel bruit de mort,
Sauf celui qui se lèvera aussi trop tôt

les soleils ont fondu en plume de corbeau
Croassant sans cesse sur la lune et le silence.

Vivre


Au matin, sur les quais de Paris,

Mon ombre suit le courant de la Seine

Scintillant comme milliers de furtifs soleils

Du reflet d’une seule lumière.

 

Je les suis pour aller à l’embouchure des temps :

Le terme se jette toujours dans l’origine.

 

Mais le passé s’arrange avec le présent.

Je laisse alors flotter l’avenir

Au profit de l’espoir des étoiles que j’attends.

Beauté de paradoxe


Photo : Boris Sentenac Droits réservés

Habillée de certitude, tu es maîtresse habile, joueuse de charme,

magicienne du feu sur cascade de force, de ton regard de femme.

Reflet de chaleur à faire rougir tous les soleils,

à l’heure des rêves le silence est ombre de tes pépites d’étoiles.

Le joyau de lumière appelle la main pour se coiffer de son assurance

et l’apaiser d’espérance dans l’instant secret de la ride

du lit carmin de tes baisers.

Flambeau de caresses d’or, le trésor est gardé

par milliers d’aiguillons comme autant de paradoxes hérissés

qui démontrent la beauté de l’abandon

de toutes convenances transparentes en vitrail de vérité.