Enfin vivre


Photographie : Marion Gay, tous droits réservés.

Un reflet de jour tire la frontière jusqu’en l’instant.

Le courant de la vie s’étire dans le sommeil

Et guetté par l’aiguille du cyprès qui compte l’éternité

Et sous les pins qui scrutent au loin les lumières de l’invisible

Comme on regarde son rêve bruyant comme la lune,

Dans la maison aux rideaux d’oubli

On ne sait plus rien des limites du jour

Pour enfin le vivre.

Souffles


Il y a ce qui s’oublie sans s’effacer, tout ce qui devient fluide et insaisissable, ce qui noie et reste pourtant source de vie. Il y a les élans taillés qui offrent leur place qui ne pouvait être qu’une promesse perdue pour d’autres élans insoupçonnés ou bien justes redéfinis et qui parlent des choix infinis. Il y a toutes les opinions qui sont restées sans une pensée et toutes les pensées qui ont sombrées en opinions. Tous les mots bavards qui ont fait sans le savoir les mots de silence cachés sous la poussière qui les a réécrits.

Et puis il y a tous ces soleils restés toujours les mêmes et habillés de millions de nuages qui ont fait chaque jour. Il y a eu cette habitude quotidienne qui reste à vivre comme encore une première chance derrière la fatigue de toutes les nombreuses autres qui brillent pendant la nuit pour mort des jours et faisant pourtant en la trompant carte pour chacun. L’espoir s’il n’est pas en chacun de nos souffles est forcément dans l’un d’eux. En ce souffle qui nous étire comme un sourire qui se moque de nos larmes parce qu’il vaut mieux ne les avoir qu’en mémoire offerte à la lumière qui en fait des gouttes de nuages. Vivre est un voyage qui n’est fidèle à aucun vent qu’à celui que chacun souffle.

Vivre


Au matin, sur les quais de Paris,

Mon ombre suit le courant de la Seine

Scintillant comme milliers de furtifs soleils

Du reflet d’une seule lumière.

 

Je les suis pour aller à l’embouchure des temps :

Le terme se jette toujours dans l’origine.

 

Mais le passé s’arrange avec le présent.

Je laisse alors flotter l’avenir

Au profit de l’espoir des étoiles que j’attends.

Vivre d’essence


Des mots comme toile d’araignée en piège de conscience pour l’ultime baiser ne peuvent résonner comme corde plus mystérieuse encore que la transparence raisonnée.

Échos de nostalgie pour larmes d’aujourd’hui sont destinés à faire chant comme celui du merle habillé de nuit avec, pour élan de donner sans que rien ne lui soit réclamé, le soleil de l’harmonie.

Sans jamais se faire aveugle même de l’invisible, sans jamais se faire sourd même du silence ahuri ou juste confus, vis tes saisons inconnues destinées à la poussière avant qu’elle ne soit sourire d’aucun regard et ton air.

Des bruits (3)


Les jeunes avec les jeunes !

Les vieux avec les vieux !

Les riches avec les riches !

Les pauvres avec les pauvres !

Les noirs avec les noirs !

Les blancs avec les blancs !

Les homosexuels avec les homosexuels !

Les hétérosexuels avec les hétérosexuels !

Les fous avec les fous !

Les malades avec les malades !

Les hommes avec les hommes !

Les femmes avec les femmes !

Et maintenant que chacun est bien au chaud

Dans sa case à choix multiple, coffre de ses secrets,

Parlons du vivre ensemble avec,  pour maître mot,

La tolérance (acceptation par défaut de la différence).

Revendiquons par pluie d’images et de bon sens

A faire frémir toute intelligence.

Nourrissons nos propres images respectives et individuelles,

Derrière nos portes verrouillées et nos lumières blafardes d’écrans

En guise de courage et de gloire.

Passons de fenêtres en murs

Pour crier le silence du virtuel de nos vérités assénées

Et détourner alors, dénués de sens,

A l’exception de nos peurs enfouies,

Tous les regards quotidiens

Vers le mensonge de nos chants de sirènes.