En grattant à ma fenêtre, la neige coupe la parole à mon sommeil.
Quel secret de la nuit vient-elle dire
En déposant ses lambeaux
Pour tisser un secret de terre ?
Vainement étalée
Comme un mensonge qu’on laisse dire,
Elle finit en silence
Avant de fondre dans l’oubli.
mensonge
Rêve obsessionnel
La caresse d’un rêve est une lassitude en devenir.
Son sucre est un mensonge en bouche
Faisant taire tous les mots d’oubli.
Il saoule l’espoir qui s’étend sur rien
En oubliant qu’il est en regardant ce qui est.
Obsessionnel et addictif, il trompe celui avec qui il parle
Et qui ne sait pas lui dire de se taire
Ou qui ne peut s’empêcher de lui demander son histoire
Pour endormir sa vie le temps de ne pas encore la remplir.
Sainte Victoire
Le vent froid s’accroche à la montagne
Pour déposer sa parole d’écho
Comme pour en faire et y refaire
Sa gloire après s’être moqué
Des jours passés qu’il a su faire oublier
Comme un mensonge pour Victoire.
Aujourd’hui
Je dirai que
Je ne m’en souviens pas.
Multiplier
L’oubli ne produit rien.
Décomposer
Le mensonge est un vide.
Les ajouter
Ressemble à aujourd’hui.
Question de temps
Pourtant transparent, le temps s’impatiente comme une nuit qui a oublié le sommeil ou se lasse comme la lumière du jour qui étale sa fatigue et s’affirme en soumission des mots,
Lorsque la bienveillance n’apparaît vaporeuse qu’en mensonge, tel burin gravant toutes les pierres, et, bien que nulle ombre n’existe sans même un dernier éclat, elle finit en silence gardé soufflant les étoiles.
Retombée répétée
Les mots secs s’étalent sur la page blanche que la brise soulève comme pour tenter d’éveiller de la nuit le souvenir sur le devenir.
Le temps déposera les eaux de son abandon sur la page gondolée que la poussière recouvrira comme pour tenter de compter les jours du souvenir sur le devenir.
L’oubli sera le ruban gris et son nœud sera son seul mot qu’il prononcera comme pour tenter d’étaler sa couverture transparente sur le souvenir sec craqué.
Et durant tout ce temps,
Ton silence ne sera
Que mensonge éternel passé.
Mensonge
Tu fais mention du songe
Comme la lumière d’un mur.
Rempart de secrets
En reflet de trop de mots
Pour être soleil d’un monde
Que tu ne veux que tien,
Par ta main ta page
Est rendue illisible.
Ta plume plonge son ancre
En ton océan de tiges de tâches
Et ta voix se fait sirène
Pour s’assurer du silence.
Ressemblant à l’heure
Scintillantes des étoiles,
Sur ton oeuvre nul espoir
Pour tous n’a de place.
Comme la rivière constante
Qui ne cesse pourtant de s’enfuir,
Ces instants des rêves te parlent
Comme jamais tu n’en parles.
Le reflet
En apparence verni comme une larme, témoin gourmand de lumière parlant avec les mots de la certitude, agile de la transparence et menteur quant au côté de la raie de cheveux, il est intouchable dans son essence.
Face à lui, à la seule volonté de la réalité, on ne peut le contourner comme on ne peut s’éviter.
Pareil à l’espoir tendu comme un sourire face aux contraintes du monde, le reflet dicte les mensonges du monde.
Imprécis au hasard des eaux, aujourd’hui il est fenêtre fermée sur la précision de chaque instant et montre en silence égaré, dans ce que l’on croit être une mémoire et un juste regard, son temps aveugle.
Du secret au mensonge
Le soleil d’orage est semblable au regard d’aveugle. Ne reste qu’un reflet de bulles qui encadre et nourrit les flots des rigoles qui s’étirent sans rien tirer d’aucune rue aux maisons alors silencieuses.
Les secrets des larmes de chacun cachés derrière chaque fenêtre comme trésors et hontes à la fois se traduisent sur les différences de tous en masque des nôtres et en modèle des excès du ciel s’effondrant (inutile comme tout excès, ignorance et mépris) sur la terre.
Justification en hiérarchie normalisatrice et en silence de nos propres mensonges, d’une grande violence en signature de vulgarité et s’étalant en artifice de force de gouaille, notre identité injurie toute humanité pour n’en faire qu’un outil servant notre excès d’orgueil.
Monde à venir
Phares endormis d’un temps de mémoire dans un océan du temps aveugle de lumière, l’éclat en silence habille en ombre la flèche s’étirant vers les étoiles invisibles.
Sur la lumière se dessine l’hiver où à chaque extrémité se disent toutes les promesses en solitude froide.
Le rempart des fenêtres, chacune unique pour le même reflet, fait secret les regards comme autant de vérités qui s’unissent dans le même mensonge, décrié mais consenti, de la cité.
Espoir perdu de bâtisseurs, on accuse le temps d’en être le voleur pour continuer la persuasion de la raison.
Océan du temps aveugle de lumière sur phares endormis d’un temps de cauchemar à venir, l’éclat en tintement n’habille qu’en nombre l’indice s’écrasant sur nos larmes d’étoiles.
Des bruits (3)
Les jeunes avec les jeunes !
Les vieux avec les vieux !
Les riches avec les riches !
Les pauvres avec les pauvres !
Les noirs avec les noirs !
Les blancs avec les blancs !
Les homosexuels avec les homosexuels !
Les hétérosexuels avec les hétérosexuels !
Les fous avec les fous !
Les malades avec les malades !
Les hommes avec les hommes !
Les femmes avec les femmes !
Et maintenant que chacun est bien au chaud
Dans sa case à choix multiple, coffre de ses secrets,
Parlons du vivre ensemble avec, pour maître mot,
La tolérance (acceptation par défaut de la différence).
Revendiquons par pluie d’images et de bon sens
A faire frémir toute intelligence.
Nourrissons nos propres images respectives et individuelles,
Derrière nos portes verrouillées et nos lumières blafardes d’écrans
En guise de courage et de gloire.
Passons de fenêtres en murs
Pour crier le silence du virtuel de nos vérités assénées
Et détourner alors, dénués de sens,
A l’exception de nos peurs enfouies,
Tous les regards quotidiens
Vers le mensonge de nos chants de sirènes.
Lune
La solitude d’un dernier verre accompagne le silence des cieux de toutes fatigues. Les ténèbres se réveillent alors.
Apparaît le visage apaisant que nous admirions jadis des amoureux exilés. Pastille des jours brûlés, elle soigne leur mal par leurs regards la caressant et qui, comme bouteille à la mer, inspirent à chacun troublé un sourire perdu tandis que lumineuse elle aspire nombres d’espoirs tenaces mais lointains.
Masque de la nuit, la paresse de son mensonge d’éclat n’est que reflet d’ardeurs. Cachant les innombrables perles de vie, la mort croissante et pleine reste figée.
Comme s’il n’allait plus y avoir de lendemains, en point final des couleurs, et puisqu’il me reste à rêver à tes côtés, la lune épouse la solitude d’un dernier verre qui accompagne le silence des cieux de toutes quiétudes.
Silence
Immobile transparence sur l’oubli du temps, point du néant, vacarme de sommeil, mystère de l’ombre, il est des promesses imperceptibles.
Instant de vérité insaisissable, le silence est père malheureux de l’espoir d’une vie de tous les mensonges.
En attendant le repos
Parmi les innombrables regards aveugles et scintillants de la nuit, la trahison errante du présent, boule de reflet d’un lendemain, passe imperceptiblement semblant vanter la réminiscence d’hier.
Patience déjà éclairée des larmes qui s’accrochent aux frêles espoirs d’un néant sans cesse trompé, toujours gagnant.
Le tourbillon de la vie se noie solitaire dans la lenteur silencieuse de l’ombre inquiétante et respire le mensonge précipité du vacarme rassurant des jours.
En attendant le repos retenu par les rêves, comme la mort retient la vie pour être la peur, je me fais loup en hurlant aux lumières sourdes, aux chaleurs perdues se reflétant sur mes pupilles mouillées, mes excuses à ne pas aimer les rondes savamment étourdissantes de l’oubli rafraichi par les rires du bonheur convenable de mon caillou.
De ce qu’on établit, malgré nos defiances rassurantes, tout semble tenir par son contraire.
Songe d’aimer
On sait bien que, silencieux et en beauté, le soleil ne se lève ni se couche pour personne.
On s’attarde pourtant à rêver d’en être le cœur dans un vacarme de vie pour habiller, comme les étoiles scintillantes parent la nuit, le vide de l’interligne de mots éphémères à tous sauf pour chacun pareils aux vagues caressant, éternellement finissantes, la poussière des terres.
Même le miracle d’aimer entame le mensonge en criant sa vérité. Antagonisme de confort, la lumière aveugle le songe éveillé aux yeux fermés.
D’hier et de demain
Photographies : Boris Sentenac, droits réservés
La chapelle, gardée par quelques cyprès : fidèles flèches figées vers l’éternité, apparaît comme secret d’un souvenir vivant pareil aux murmures des prières désertées. Sa perspective telle une caresse sur les collines s’abandonnant à la mer séductrice de la lumière vouée à sa noyade nous dicte notre espoir.
Mensonge furtif de sérénité sur l’abandon tenace et obligé de l’enfant aux cris silencieux de sa mort inaccomplie, retour en bénédiction bleue sur la vérité de l’inexistence de l’horizon. Mer contre terre, jour contre lueurs, joies et peurs s’étalent autour de l’instant que nous gardaient les innombrables et centenaires suves pareils à une armée en campagne sur la misère fructueuse comme la raison bien pensante sur nos sourires, restés simples et essentiels, habillés d’hier et de demain.
Trois saisons et une nuit
photographie Boris Sentenac (droits réservés)
Pour toujours est une promesse de renouveaux éternels.
Caressé par la brise nouvelle au parfum de la naissance, d’un vent timide tu te voues à étirer le don dans la promesse des chaleurs.
Face cachée de la nuit, temps oublié comme évaporé par l’été écrasant de mensonge nos cœurs lovés rêvant d’éternité, nous voici monument d’écorces secrètes, comme mains tendues, père et mère des bijoux verts de notre haute montagne tutoyant l’horizon lointain.
La ride rappelle la vérité de l’éternité. Garde ton sourire plutôt que, s’écoulant finissante, la transparence des larmes des feuilles qui se font soleil crépusculaire à l’aube de l’absence et des gerçures. Traverse encore et à nouveau les trois saisons suivies du règne de la nuit en patience douloureuse pour honorer la promesse de renouveaux éternels.