Photographies : Boris Sentenac, tous droits réservés
Il reste le vent qui agrippe les sapins. Il rappelle ses mots soufflés sur la cité des mers. Il rappelle le ressac, ici figé sans temps de mémoire et pourtant…
Les papillons, comme poème dérobé, tourbillonnent en ardeur fragile et insouciante. Leur repos se fait sur l’offrande d’une fleur avant de s’envoler comme pour éviter l’obstacle que je fais à sa lumière.
Figée sur les herbes sèches qui préfèrent l’espérance de l’éternité en leur terre plutôt que de partir avec la certitude du souffle, par ce tapis, mon ombre apparait ridée.
La chevelure rase du lieu semble gardienne fatiguée des secrets enfouis qui, plus loin, regardent de leur œil le ciel en absorbant son rêve en vocabulaire scintillant d’une luxure noyée.
Au loin, se dresse l’élan des terres qui observait le nôtre. Comme éternel, n’ayant que l’oubli des quelques heures autrefois partagées avec lui et impassible à notre devenir gâché, il semble discuter avec les sommets voisins.
De nous il reste la couleur du deuil, celle qui dit le dernier espoir que l’on se veut chacun pour soi et qui orne ici devant la montagne en rideau piquant de chardons enracinés dans leur sécheresse à venir.
Et pourtant… Je souris au vent, à l’élan des terres, aux papillons, aux herbes et au prairies infranchissables en savourant la chance de nos sourires d’aujourd’hui.