Soir d’hiver


Le ciel est un mouchoir
Sur la fatigue des jours
Retenus par aucun bavardage
Ni aucune chaleur de mensonge.

Tous les soirs, malade,
Il s’en va comme toi
Epuisé par la distance des heures
Et par l’effort enrhumé

Un jour, improbable aujourd’hui,
L’inconnu reviendra
Elancé par demain à raconter
Sans les caresses de notre silence.

Cieux nocturnes


Inlassablement et seulement jusqu’à mon silence,

Les étoiles grelottent dans l’ombre de l’hiver

Tandis qu’elles réchauffent les souvenirs des éclats,

Et scintillent d’espoirs dans le repos de l’été

Tandis que s’étale la croyance sur le lit de la certitude.

Réveil d’hiver


Photographie : Boris Sentenac, tous droits réservés

Le réveil est revers

De rêve et en hiver

S’élance tout droit vers,

Amer, sans tapis vert,

L’éveil de tous mes vers

Qui ne veillent aucun rêve

Bavardages d’hiver


Comme beaucoup en vains bavardages trop sérieux

Qui ont oublié les chemins de lumières et de pluies

Qui sans triomphe faisaient arc en ciel

Eblouissant les souvenirs d’enfance,

Les jours d’hiver ne viennent que pour surveiller

Que les rues ne soient pas endormies

Tandis qu’ils retournent vite au repos

De leurs ardeurs passées.

Stupeur d’hier


De l’écho, il ne reste que le silence,
Fossile gris de sourire
Sur la renaissance des couleurs.

L’empreinte d’un souffle
N’a retiré du chemin
Aucune poussière du monde.

Les nuances découvertes
Font ta laine et ses nœuds
Et la stupeur du prochain hiver.

Tout comme nous


La lune pêche quelques nuages.
Elle plonge son hameçon de nuit qu’elle étire vers le jour, puis se délecte en secret de quelques de ses poissons de guimauve avant de vendre la plupart de ses prises à l’horizon pour qu’il en fasse une soupe d’hiver.
Dans quelques nuits, tout comme nous qui ne pouvons être déçus que par ce qui fait qualité, elle déposera son sou pour boire la lumière sous nos rêves déjà passés.

Eclairs pétrifiés


L’été pulvérise l’éclat qui retombe en couleurs. Intense, il n’offre de pluies qu’à coup de déchirures électriques. Fulgurantes, elles vibrent sur ce qu’elle touche comme un souvenir qui vient de naître et se dit comme une parole retenue mais que tout le monde entend.

Aux vieilles racines de l’arbre s’étend sa vie que l’hiver dévoile tels éclairs pétrifiés.

Silence


L’été est la saison des ressentis.

Le silence est le discours des nuages.

J’emprunte ici à celui qui passe

Ses quelques mots blancs

Pour discuter avec la fontaine

Qui me parle, elle,

Du bonheur de son voyage.

 

L’hiver est la saison de la pensée.

Au chaud, derrière son voile,

La fenêtre m’offre le monde

Qu’il traverse incessant

Avec son bruit désordonné

Pour vocabulaire précipité

En course contre le temps.

 

Toujours constant,

S’accommodant de tous les mots,

Traversant les saisons,

Ne pliant à aucun cri,

Calmé de toutes les chaleurs,

Se disant pour rien et en sourire,

L’amour me parle en silence.

Saisons de paroles


Le bourdonnement de bavardages ne se promène plus depuis leur ombre verte.

A chaque clin d’oei, tout s’endort.

Et le printemps se rêve, l’été se chante, l’automne se dit, tandis que l’hiver se sait.

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Pour voir le film  » Saison de paroles  » cliquez sur le lien suivant :

Saisons de paroles (film)

Signe de l’éternel pourtant mourant


Tandis que l’hiver survole en son silence les terres de France jusqu’à la Normandie avant de s’effondrer sur le brouillard qui a déjà dévoilé l’horizon,

Le peuplier dépoussière comme il peut son ciel en bavardant avec la brise pendant que le cygne à son pied dessine son étang.

Tandis que chacun efface le silence en son lieu sans nom jusqu’à ses rêves avant de s’éveiller sur l’horizon qui a déjà dévoré le brouillard,

Le peuplier dépoussière comme il peut son ciel en bavardant avec la brise pendant que le cygne refait son dessin sur l’étang.

Hiver


Poussière d’étoiles sur sommeil de jardin,
Ses rêves sont piquants.
La lucarne regarde
Sa terre d’or dure,

Chuchote le foyer et
Se drape des toiles ridées de buée.
Nos mots s’endorment en leur lit de lumière
Sous leur couverture d’espoirs.

Tic – tac d’hiver


A la recherche d’un trésor, la nuit a fouillé les petits paradis clos délaissés pour le soleil du foyer.

Surprise par le matin, elle a fui en abandonnant les galaxies de pierres précieuses, faites de lumière, de froid et d’eau, répandues en poussière de lune.

Le soleil va les souffler pour les polir comme cristal de larmes avant que la nuit ne revienne pour tenter à nouveau de s’en emparer.

Le temps s’égrène en cavernes de tes oreilles endormies et s’écoule en transparence des heures.

Le temps est un voleur qui ne se dérobe pas.

Hommes d’hiver


La lumière étale ses métaux précieux sur les plus hautes vitres, comme s’il s’agissait de son unique parole à l’instant froid fait de couleurs engourdies.

Maigre excès furtif irréel sur la réalité qui compose la seconde froide d’ici venue des chaleurs de si loin.

Puis, dans ma course vers ce que j’aurai oublié demain, il n’y a plus que l’hiver qui ressemble aux hommes.

En commerce monnayé d’empathie, ils s’expriment en mots de caresses, pour prétextes à l’expression des suivants piquants.

En dépit des lumières qu’ils projettent, ils font un monde qui n’assume pas et s’effraie même de la responsabilité de ses propos à tenir.

Ils les savent fondamentalement en dépit du déguisement des flatteries. Ils savent qu’ils sont criminels sans prévenance. La voix dit ce qu’elle ne veut pas entendre. Mauvais chant, on ne danse jamais en ce bal masqué.

En dépit de l’éclat de leur sourire, irréprochable comme une excuse, trop d’hommes sont fait d’hiver.

De plumes


 

L’été dernier,

Les hirondelles cisaillaient

Les bourdonnements des chaleurs ondulantes

Et mystérieuses des murs.

 

Cet hiver,

Les tourterelles enroulaient

Le silence des ardeurs odorantes

Et secrètes des cheminées.

 

Hier,

Les merles saluaient

La sagesse de la lumière flottante

Et maquillée des ombres.

 

Ce soir,

Les chouettes figent

La peur sur les heures ignorantes

Et aveugles des différences.

Quotidien


 

Au loin, dans le matin froid, la montagne Sainte Victoire fumante de ses rêves joue sagement à cache – cache avec les collines vertes qui glissent dans le quotidien terne et presque transparent du passé drapé d’habitudes linéaires que chantent en monotonie majeure toutes les minutes des trente cinq du bus au sens des heures à pointer.

 

Dans le néant du soir d’hiver, me voici conscient de la langueur obligée passée et dans le déni de la fugacité de l’essentiel simple à venir. La monotonie est alors virgule des temps. No man’s land comme enfance aveugle sur les minutes qui ressemblent aux heures.

 

L’oubli se coince pincé dans l’empreinte, comme la route, entre les reliefs du matin et ton sourire du soir. Le temps n’est rien.

Lis vers l’hiver


Illustration : Svetlana Sirenko (droits réservés)

Illustration : Svetlana Sirenko (droits réservés)

 

Par quelles amarres, à quel port et de quelle époque s’accrochent les maisons injuriant la transparence du temps en couleurs comme timbre d’un cri de vie ?

 

Tourbillon de l’instant jetant sa force centrifuge sur les murs gardiens des mystères de chacun, en italique inversée, on devine les trésors jaunis des placards du fond des ombres.

 

Tandis que la brise de demain balaye la poussière dans la poubelle d’hier, jouant du ciel et d’un arbre éteint aux feuilles de plumes engourdies, la lune chante sur ces violons. Ces cordes de briques, de bois et de terre jouent en nostalgie.

 

Paradoxe du vent qui souffle dans l’oubli tout ce qui s’accroche sur les larmes qui font la survivance de tout ce qui est mort. En guise de réponse apaisante, c’est au crépuscule qu’on célèbre la lumière pauvre et froide en vernis et en pigments.

 

En robe de silence et de constance tel galet sans autre âge que celui de l’éternité, ton chien te suit en patience guidée par sa confiance sans condition et ne traite ainsi le temps qu’en sa présence.

 

Que regardes – tu dans l’invisible qui te fouette ? Crois – tu que la vie est toujours pour demain ?