Les mots du hasard sont parfois plus forts que les mots.
Ils ne savent rien des pièges
Ponctués ici ou là,
Et s’ils disent ce qu’ils ne disent pas,
C’est parce que nous entendons
Le silence qu’on veut faire taire.
mots
Mots de silence
Une forêt de quiétude discute avec le vent
De l’élan qu’il faut pour aller vers le ciel.
Et nous, ici entre ombre et lumière,
En jetant nos regards entre espoir et savoir,
A l’abri des brulures et par la caresse partagée de l’instant,
Nous offrons pour élan nos mots de silence.
La peau des mots
D’un sourire ou d’une larme,
Volatile comme un parfum
Qui se range en souvenirs,
La peau des mots
Est un poème nécessaire
Comme une étreinte
Sur le nécessaire.
Mains des mots
Les mots
Sont des mains
Qui, parfois, se joignent
Pour faire un pont.
Bavardage d’un rêve
Sur la berge d’un bavardage,
La brise s’empare d’un rêve.
Il ricoche sur les mots
Et se noie dans sa phrase,
Rivière de mystères
Entre ici des mots
Et là-bas d’un sourire.
La fumée de mots
La fumée de mots s’étire
Vers la transparence du monde
Et se couche dans la ride qu’elle creuse
A coup de rires ou de larmes.
Elle n’est ni ciel ni terre et se raconte
En vérités unies et pourtant décousues
Comme un univers inconnu.
Les mots du silence
Puisque les mots s’adaptent aux mots,
Pour ne rien bousculer des vérités de chaque mensonge,
Je choisis l’élan du silence.
La parole des pas
De chez moi, je sors à l’intérieur des rues.
Chez tout le monde en restant personne
Dedans en dehors, dans le bruit des silences,
Je vais vers mes bavardages que je ne sais taire pour l’heure,
Encore opprimés par les mots contenus et pressant des rues.
Et de chez toi, j’entre enfin à l’extérieur du monde.
Par nos mots
Le soleil vient d’ouvrir la porte de l’enfer
Et les étoiles ont jeté leur drap de nuit
Pour, comme chaque soir,
Offrir leur lueur d’espoir.
.
Demain n’est qu’aux antipodes de la saison,
Il est maintenant derrière l’horizon
Et les étoiles plient leur drap de nuit
Tandis que le soleil vient d’ouvrir la porte de l’enfer.
.
A chaque heure ses flammes
A chaque lieu sa ligne de poussière
A chacun sa brûlure d’être
Et la gerçure de ses souhaits.
.
Tandis que l’origine offre son écume
Sans sommeil et toujours en mystère
Nous sommes aveuglés par nos mots de trop
Comme prisonniers de nos horloges.
Éruptif
Les mots surgissent de leur cratère
Et s’offre en sens multiples
A l’air éparse que chacun respire
Pour nourrir en invisible
Ce qui pourra à nouveau faire éclat.
.
Du lumineux et de la multitude
Au vivant présent de l’invisible à venir
Puisqu’aucun élan ne propose que sa chute,
Qu’en sa source comme en sa course, elle est imprévisible,
L’insulte ne nourrit pas l’ignorance.
Des mots parce qu’il faut
Pour ne pas sombrer dans l’oubli
La feuille salue chaque bourrasque de vent
Avec l’éclat de l’été pour souvenir.
.
Je la salue à mon tour
D’un sourire que je me destine
Pour la quiétude de son ignorance,
.
La quiétude de mon silence
Et l’équilibre de mon pas
Sous la pluie qui fait mes seules larmes.
.
Et sous nos manteaux de corbeau,
On en rit pour mettre enfin des mots
Juste parce qu’il faut.
Feu du ciel
Sur l’inaccessible qui s’empare des larmes des terres
Une page de nuage s’étale sur le rêve d’un jour.
J’inscris sur son empreinte vaporeuse
Les mots de mon regard imprimé à l’encre de souvenirs silencieux.
Je ne veux pas imposer un bavardage comme celui du ressac
Qui ne cesse de clore ce que je sais de l’origine.
Je ne veux pas imposer ce qu’on ne peut que dire
De nos vertus propres de liberté destinées à toutes celles du monde
Et qu’on finit alors ainsi par condamner comme le possible
Sous le cri interminable du soleil.
Les mots dits
Le silence à chaque pas
Sur le chemin de l’ombre
Que n’entrevoit le regard du jour
Que lorsque sa fatigue froide
Ecrase la poussière des siècles
S’offre comme le silence
De chaque mots dits.
Soirée d’un poète
En confessions chorégraphiées, me voici l’ombre de mon intime, déambulant en ma surface tel un chat noir.
Pour personne, en pelage de nuit, mon visage livre l’expression de l’instant comme l’encre statique sur le voyage des pages.
Je suis l’ombre de mots qui ne se distinguent plus de l’heure et pareil à la promenade du chat : voyageur aux bagages muets.
Mots du matin
La branche nue du matin gratte le nuage du sommeil
Pour endormir la journée en silence de temps perdu.
Les mots ne sont plus que noirs sur blanc
Et s’écrasent contre l’iris, volet de ton univers.
Le sucre fondu enrhume la branche nue du matin
Pour éveiller la journée telle cuillère à café.
Les mots sont posés pour être croisés
Et se croisent contre la bouche, clé de ta lumière.
Élan de chute
Tandis que la lumière m’interpelle ici
L’ombre des hommes découpe le ciel
Depuis l’horizon que l’on ne peut que croire.
Elle s’élance de son origine involontaire
A sa flèche voulue comme une promesse
Que racontent les mots en phrase de chemin
La vie s’élance vers l’éclat
Tandis que l’espoir des hommes
Est un élan offert par la chute de la lumière.
Doute bien rangé
Je laisse au fond d’un tiroir les ciseaux de mes mots pour ne pas couper ton sommeil et briser le rêve que je n’ose faire mien.
Le doute ménage le goût de la sucrerie qui s’offre en tes yeux comme un gouter d’enfant.
Sauf ce ruban de mots, tout est bien rangé.
Ailes blanches aux mots noir
Noires sur blanches, les ailes suspendent le regard sur les couleurs et les ombres, sur les chaleurs que gifle la fraîcheur.
Les vents emportent les nuages d’hier tandis que la mémoire les redessine avec son crayon de certitude.
De ce qui était, tu n’as rien d’évident, poète, sinon que tes ailes blanches aux mots noirs qui restent ce que tu es.
Devenir de mots vagues
Aussi dur qu’un souvenir fatigué et imprégné de l’éclat des nuits,
Lit des vagues qui tentent l’oubli par les ordres des lumières
Chahutées par la danse invisible et longue de ses sept temps
Qui se répètent en illusion d’éternité et que seul le chant des vents
Ponctue pour rappeler à la vie et en faire le nécessaire sur les rides,
Le fossile découpe en silence l’éphémère interminable des tisseuses d’écumes
Pour phrases de marées s’élevant pour se retirer
Comme le bonheur des hommes et dont il ne reste
Que la mémoire et son écho de tous les mots prononcés
En langue morte devenue mystère de son berceau et figé comme un tombeau.
Mots de silence
Découvrez ou redécouvrez le court-métrage ( 2min 10sec) « Mots de silence »
Ce film vous plaît ? Cliquez sur le bouton « j’aime », partagez et abonnez vous (blog, chaîne Youtube). Par avance, merci beaucoup.
A dire
Quelques mots suffisent pour dire ceux qui restent endormis dans leur silence.
Quelques silences suffisent pour dire jusqu’à l’éveil, le sens du souffle de tes étoiles.
Quelques de tes étoiles suffisent pour dire l’éclat des mots que tu n’as plus qu’à dire.
Journée d’un poète
Dans la rue, l’agitation ne dit que ce qui semble devoir être. Chacun a laissé son silence derrière les fenêtres statiques comme la patience qui fait leur journée.
Comme si j’en avais accroché à mon ombre, me fondant dans la foule, je marche sur mon silence et mes pas s’empresse pour ne rien manquer de ce que je ne sais encore de cette journée.
Le silence me suit et je ne crains pas de le perdre : en ville, et même aux heures obligées, il y a toujours trop de lumières pour qu’il n’y ait plus d’ombre même légère ressemblant à son langage : comme dévêtue mais sans gêner aucune pudeur.
Plutôt que de n’être qu’un œil qui range sans cesse son rayon de souvenirs, mon ombre use de ses mots d’hier pour accueillir ceux du jours et élabore, sans jamais rien inventer, le sens des sens qui écrit le poème
Les mots s’inscrivent en encre d’ombre ressemblant à mon plume avant même que je ne le saisisse pour reposer leurs silences conviés sur le lit blanc et qui leur est déjà réservé.
L’avenir comme un oubli
A tous les temps on devine
L’avenir comme un oubli.
Le passé lu au futur
Sur la page du présent
Qu’on tourne éternellement
Fait transparents tous les mots
Du mystère que l’on sait.
Naufrage
Du navire de ta poésie,
Il reste les cadavres des mots
Flottant sur le silence des flots.
Leur caractère porte leur deuil
Dans la nuit que mon regard tel phare
Eclaire comme on veille les morts :
En vain et sans aucune surprise.
Et avant de couler il reflète
Un dernier éclat, me rappelant
Les étoiles d’antan qu’ils scrutaient.
Inscrits sur l’immense transparence
Du monde, ils t’emmènent chercher
Ton abandon au tréfonds des mers.
Repos des mots
Les mots échauffés par les courants écoulés en flot d’or
Font enfin silence en neige sur les fiertés énoncées.
Les mots sont alors figés comme le souffle retenu
Et sous le soleil de toutes les saisons, il fait moins froid.
Mots non dits
Il est des mots qui s’écoulent certains qui se soufflent
Comme une caresse qui s’enfuit de son origine
Tandis qu’on ne devine que son sens.
Ces mots que l’on veut dire et que l’on joue du regard
En suspens comme un silence en musique
Dont seul le mystère que l’on veut est perceptible.
Il est des mots qui viennent tard et s’affichent trop tôt
Comme si les heures continuaient leur traversée
Tandis que rebroussent chemin les minutes immédiates.
Ces mots dont on ne parle pas et qu’on pose en phrase interminable
En soutenu regard comme en portrait
Dont seule la ponctuation des paupières dit le sourire.
Il est des mots qui s’interdisent parce que déjà trop dits
Comme si leur poésie n’avait plus d’origine
Tandis que subsiste tout leur sens.
Ces mots qui se disent comme le souvenir d’une étoile
En éternité muette comme en instants confondus
Dont seul le besoin reste en manque de ces langages.
Mots de silence (vidéo)
Pour voir la vidéo » Mots de silence » cliquer sur le lien ci -dessous :
Mots oubliés pour maux interdits
L’oubli est une obligation pour s’éviter l’interdit,
Un sommeil qui oublie qu’aucun ciel n’est vide.
Lit de nuages lisant les étoiles, soleil sur miroir de lune,
Sur la chaleur d’hier, la lumière de demain
Se raconte en brise légère en guise du souffle perdu.
Demain, sous le parapluie d’ombre,
En un sourire suant le soleil,
On dira aimer l’heure pénible pour ne pas la pleurer
Epongeant vainement tous nos mots oubliés
Essentiels au labeur d’amour et de liberté.
Chez le coiffeur
Perdu dans le regard béant du miroir qui parle comme ton reproche d’aujourd’hui sur tes chants d’hier que j’ai accompagnés,
Pour jouer, nous sommes devenus reflet muet de nous-même : identiques et étrangers faisant du réel comme de notre image notre véritable prison aux murs colorés de bonne conscience.
La promesse du silence, celle qui a tous les mots, est bâillonnée. L’interdit d’aujourd’hui était la lumière d’hier.
Me ramenant d’aussi loin que possible, le coiffeur me demande alors : « c’est assez court ? On peut aller plus loin ».
Statique sur mon fauteuil, je sais…
La ride de la bague
La ride de la bague est encore inscrite
Comme un poème déjà lu
Dont il ne reste que l’effet des mots.
D’une timidité qui n’avait pas de sens
A une timidité qui en a pris un
Il ne reste que la ride des mots.
Réveil
La poussière de bruits de rues voisines s’envole jusqu’à mon regard.
Les hirondelles déchirent et recollent le ciel.
Furtivement, avec la discrétion de l’éternité,
Le temps ne franchit plus ma fenêtre :
Il s’imprime en blanc vaporeux sur le rêve ensoleillé,
Tandis que les ombres font l’alphabet de l’instant.
A mesure que les secondes étirent leur drap de sommeil,
La curiosité s’éveille lentement,
Soufflant comme la caresse d’une brise légère
Les restes du vacarme des paupières sourdes de la nuit.
Il s’efface en oubli vaporeux sur le monde illuminé
Tandis que les mots feront les ombres de la journée.
Regard sur le temps
Ma lucarne figée comme la saison scrute l’âge de l’abandon, le temps des promesses, la moitié de vie répétée.
Au loin, au-dessus des toitures présentant leur profil en parallélogramme de leur cadre régulier, l’hiver peigne les arbres et s’enfile dans les flammes froides des peupliers, tandis qu’auprès de tous les souvenirs élancés de feuilles, conversant sur le vent, s’égoutte le ciel de ses larmes.
La transparence des veines jusqu’à l’origine fera la couleur du printemps tombant en lumière pour l’heure grise, comme le silence sur fouillis de branches sombres de patience comblée de mots bruyants pour tous et brillants que pour soi, même pour toi.
Mots d’instant
La caresse de sommeil s’infiltre au travers de la vitre.
Portée par le vrombissement de la rue il se destine à l’inconnu de mon instant et sur mon ignorance des certitudes bruyantes.
Il n’est de mots qui se disent, il n’est que des mots qui se vivent.
Hiver
Poussière d’étoiles sur sommeil de jardin,
Ses rêves sont piquants.
La lucarne regarde
Sa terre d’or dure,
Chuchote le foyer et
Se drape des toiles ridées de buée.
Nos mots s’endorment en leur lit de lumière
Sous leur couverture d’espoirs.
Sur la page blanche comme la nuit
On arrose de mots
Les pleurs fanés
Qui s’écroulent du cœur
Et qui voutent le dos
En s’appuyant sur le temps.
Le cœur est lourd
Comme une armoire
Qui ne cesse d’être remplie.
Si de temps en temps on l’ouvre,
C’est juste pour croire
Qu’on la vide comme on croit
Que la page se noircit
Par l’encre luisante
Du poème déjà sec.
Loin de la mer
L’amer ressac des mots de la mer
Se meurt en souvenirs des maux
D’absences de phrases bruyantes
Et d’ententes brillantes.
Hommes d’hiver
La lumière étale ses métaux précieux sur les plus hautes vitres, comme s’il s’agissait de son unique parole à l’instant froid fait de couleurs engourdies.
Maigre excès furtif irréel sur la réalité qui compose la seconde froide d’ici venue des chaleurs de si loin.
Puis, dans ma course vers ce que j’aurai oublié demain, il n’y a plus que l’hiver qui ressemble aux hommes.
En commerce monnayé d’empathie, ils s’expriment en mots de caresses, pour prétextes à l’expression des suivants piquants.
En dépit des lumières qu’ils projettent, ils font un monde qui n’assume pas et s’effraie même de la responsabilité de ses propos à tenir.
Ils les savent fondamentalement en dépit du déguisement des flatteries. Ils savent qu’ils sont criminels sans prévenance. La voix dit ce qu’elle ne veut pas entendre. Mauvais chant, on ne danse jamais en ce bal masqué.
En dépit de l’éclat de leur sourire, irréprochable comme une excuse, trop d’hommes sont fait d’hiver.
Mots d’étoiles
Étoiles d’automne en feu mourant, les saisons soufflent le vent qui emporte la jeunesse et ses souhaits passés. Un adieu pour un autre bonjour, pour d’autres étoiles qui gardent en secret le temps d’un hiver, l’espérance verte de demain.
Depuis la canopée du ciel, se présentant à tous en alternant l’éclat de leur regard sur le nord et le sud, les mots des étoiles sont comme les couleurs des saisons. L’instant adapte à celui qui le vit. Mais éternel, d’ici ou d’ailleurs, dès maintenant ou demain, l’espoir inscrit toujours pour tous son élégante lumière comme un poème sur sa feuille.
Mots de novembre
Je croyais que les journées interminables
En mots de poussières étalées sur la lumière
Etaient, avec les cigales, les plus bavardes.
Il y a pourtant, même en silence, plus de mots
Sur le rideau tiré bien tôt de novembre
Entre les feuilles de l’oubli des couleurs solaires
Et les pages du foyer, menteur de chaleur
Sur plage de parquet, canapé pour transat,
Caverne en laquelle se dit le mal d’aujourd’hui,
Paisible derrière le rempart des vitres
Qui n’ont aucun souvenir de toutes saisons
Et qui muettes ne me soufflent ce poème.
Poésie 4
Du haut de son balcon, au bout de sa tige blanche de robe de chambre, de son regard aussi noir que sa chevelure qui semble s’être emparée, dans le vent de ses rêves, de l’ombre passée, et tandis que le matin n’offre qu’une lumière solitaire, mémère scrute le va et vient des palettes de fruits et de légumes.
Dans la rue, en attendant de rentrer, les poubelles bavardent sur les couleurs venues d’autres soleils avec celles de lunes oubliées qu’on leur a déchargé, et les parfums s’étonnent et s’enfuient en découvrant leur mort à venir et tenace en l’instant qui s’enfuit des tombeaux.
Farandoles de camions se garant au bord des ruisseaux des rigoles, la rue des abbesses s’éveille dans son éternité quotidienne au goût de mon éphémère café qui noie mes songes pour éveiller ma pensée.
Demain un autre entendra ces mêmes mots qui ne se disent pas et il entendra le sens qu’il voudra. Rien ne changera l’éternité quotidienne.
Du train
Cadre immobile du regard aussi solide que la réalité,
Fenêtre sur le temps défilant dans l’espace,
Dehors,
Comme inutile : n’ayant plus d’autre mot que la seconde,
Le lieu s’étire et se déforme
Comme mots jetés aussitôt qu’ils sont dits.
Mots de pouvoir
Les mots pleuvent comme orage
Pour que se taisent de force
Colombes, pies, corbeaux
Et éviter la peur
De tous chants inconnus.
Les mots, sur les cultures,
Noient de silence dicté
Les tiges encore secrètes.
Elles meurent de noires promesses
De soleils éclatants.
Les mots pour le pouvoir
Sont les mots des faiblesses,
Le bruit des mal-aimés
Imposés en raison
Et sourde déraison.
Les mots gravés, blessés,
Louange de leurs remparts,
Et depuis trop longtemps,
Exprimant leur prison
Ne parlent que malheureux.
Les mots, en cache misère
De leurs trop nombreuses failles,
Néanmoins en poussière,
Blessants de leurs blessures,
S’effritent en chaque oreille.
Ces mots réduits aux maux
Ne savant rien des mots
Sont poison de bavards
Sans question pour réponses
Qui dictent le bonheur.
Assassin des nuances
Comme pour prendre pouvoir
Que tu ne veux subir
Comme orage sur champs
Tu t’assassines toi-même.
Il n’est pas toute une vie
Un seul sens, une seule voie.
Tous tes mots préférés
Ne sont que de ta voix
Et jamais absolu.
Pour aller au plus loin,
Les marins ont quitté
Les rivages connus
Pour ainsi découvrir
Les voix de tous les mots.
Tous forment la pensée
Et sont moyens des sens
Qui, même s’ils sont abstraits,
Expriment tout le spectre
De ce qu’on ne voit pas.
Tous les langages s’apprennent,
L’ignorance n’est pas grave.
Ne pas apprendre l’est.
Pour aimer apprendre,
Il faut savoir s’aimer.
Dans l’espoir silencieux,
Et en cohérence,
Ne donne aucun des mots
Que tu n’accepterais
( « Jamais ! » ) de recevoir.
les lacets des mots
Astre des ombres,
Nuit de pluie d’étoiles,
Les mots se livrent
En lacet de maux
Se nouant comme neige
Qui lie ciel et terre.
L’encre des lettres,
Sans chemin de page,
Fait trace de nos pas.
Flocons oubliés
Sitôt lu le point
Des mots retournés,
Dénis et non – dits,
Tous les paradoxes
Comme entité font
Billets sans valeur
Des plus riches promesses
Que ne sont récits
Tels griffes sur congère
Soufflée par un vent
Et noyée du jour.
D’un bout à l’autre
Comme tour de nuage
Les mots sont ruban.
Ils s’étirent alors
De bout en bout et
Ne finissent toujours
Que nu de parure
Sur la vérité
Qui dénoue les maux.
Des mots de nuages
Il n’est sur le monde de vision stéréoscopique profitable.
A l’inverse de chaque traînée d’avion, qui toutes s’inscrivent sans relief, certaines de leurs caps sur le rêve qui masque les étoiles par un savoir (un seul comme soleil), la pensée unique de chacun lancée comme flèche sur tous, même habillée de chaleur caressante digne de doux printemps, ne peut être louable de crédibilité. Il est déjà trop de mensonges, trop de filtres de lumière, pour qu’apparaisse une seule vérité sur la réalité. L’évolution en témoigne grâce mais aussi malgré nous. Il est un tout pour multiples langages.
De ces mélanges, naît parfois un arc-en-ciel. Pour tous, extase de la surprise suivi du silence de l’enfance que l’on fait taire comme le cris du réel. Notre survie est – elle un mensonge de transparence ? Le spectre décomposé de la lumière n’est – il qu’une magie de conscience ?
La certitude voudrait s’inscrire en éternité. Pourtant, même si nous manquons de temps, un jour chacun en aura mais n’aura plus rien que cela.
Hiérarchiser consiste à juger. Juger consiste à condamner. Des deux parties, une gagne tandis que l’autre perd. Ce qui est perdu pour tous est alors la part d’humanité inscrite à jamais dans le passé qui s’étire en silence hurlant sur chaque matin.
Je préfère, et le dire est peut – être déjà de trop, dans ma quiétude et sans me mentir sur quelques paroles plus légères que le vent, chercher des mots de nuages qui n’auraient pas encore franchi la ligne d’horizon.
Voeu
Comme aucun vacarme, le cri du propos n’en est pas la force. Il n’est que tempête venue du désert du bonheur. Son souffle n’est que transparence de revenants. Il n’engendre que la crainte sans jamais se faire respect.
Fermer les yeux n’efface aucun fantôme.
Il n’est de spectre que celui de nos faiblesses. A chacun, à chaque communauté, sans rien renier d’essentiel, en ce moment d’espérance comme en tout autre pour chacun, en cette époque charnière pour tous, puisque nul ne sait si la poussière de l’horizon vole par colère ou en sérénité, pour qu’éclate alors la peur des mystères et que les cris deviennent chants, je souhaite la force d’admettre les mots simples à dire de chacun dans sa sincérité comme à entendre dans la tolérance par tous. Je souhaite à tous les mots simples de toutes les vérités.
Il nous restera ça
Les étoiles de la ville
S’étirent silencieuses
Et sont comme engourdies
Sur les rides mystérieuses
De la couverture des espoirs
D’horizons manqués.
Et quand les mots s’échouent
Sur le souvenir du départ
Et de son soleil de certitudes
Lui-même parti du port,
.
Il nous restera ça.
.
Ciel de suie
Comme vieux papier mâché
Sorti du coffre de l’enfance
Gardé par la poussière
En dernier rempart,
A l’ombre improbable
Des larmes d’étoiles
Evaporées en timide dignité
Par la lumière prétentieuse des hommes
Sur toutes les prières.
Des bruits (2)
Dans les rues de tous les jours
Nos taches de bruits diffuses et continues,
Fil de vie infini sur lumière transparente
Traduit en mots se voulant relief de nos plaines
Couronnée de l’horizon haut perché,
Ecrasent le sommet rêvé
Que chacun tête baissée rend aussi sourd
Que l’opulence illusoire rend aveugle
Tous les regards quotidiens
Sur un bruit de source.
Les oiseaux
De la pelouse souillée qui borde les murs des savantes lumières, un gardien de cimetière élancé dans l’oubli des saisons, droit comme une aiguille de cadran solaire, à jamais vert comme notre fauteuil improvisé, écoute de loin nos révolutions vaines du monde qui s’envolent, légères de notre jeunesse, dans sa caresse invisible et froide de l’hiver. Le silence de ce cyprès se confronte aux chants qui habillent la ruine cyclique de l’ombre de l’été passée de l’opulence verte à la nudité des branches implorantes. Le temps démontre encore ses réticences en nous aveuglant par la courte ronde du soleil pale semblant alors fatigué par nos discours ainsi écrasés. La ville, comme ayant repris son souffle avec les oiseaux pour ultime bonsoir lancé au jour, s’offre en déchirure comme poème de ratures. De mon silence, l’écho de nos bavardages me parle de ma solitude.
La nuit s’invite offrant quelques heures de dernières faveurs par injures d’ampoules. Trésor vainement caché des rides par volets fermés, rideaux tirés aveugles d’espoirs. Ma plume endormie, sourde et silencieuse de reproches de ses caresses réduites en souvenirs, prie les oiseaux qui s’écoulent sur mes joues.
Alors, la loi du règne des contraires pose son diktat puisque le jour s’est fait nuit. Maintenant l’appétit se fait nausée, les goûts et les parfums abandonnent leurs nuances et leurs différences faisant de mes émotions un reflet nu et juste mécanique. La vie perdure soumise à sa colère : mère perdue de cauchemars. Il reste la peur.
Tempête transparente, souffle coupé de plume, il est temps de bercer la Géhenne des mots pour éclater mes maux par la brûlure de la nuit. Que chante et vole l’innocente simplicité née de complexités ! Alors mon regard sera celui des oiseaux qui chantent haut à l’horizon comme prières lancées sur la fuite du néant pareille aux chants qui habillent la ruine cyclique de l’ombre de l’été, comme une insolence sur le malheur de l’oubli.
Plutôt que d’un manteau de corbeau digne des heures de fatigues, je m’habillerai de leurs cierges.
A lire aussi :