Le coffre


Retrouvé dans l’oubli d’ignorés,
Dans le logis, un coffre donne son silence

Comme le souvenir de regards
Croisés dans l’inconnu.

Il offre ses trésors
Et garde son secret.

Ici, le coffre ne dit rien
Des jours offert à d’autres.

Là-bas est son temps,
Maintenant son lieu.

Un temps de matin


La ville a tiré son rideau de pluie pour effacer les ombres qui marquent le temps.

Le vent souffle les minutes d’hier tandis que celles de demain attendent dans le silence.

Mon regard bavarde avec les gouttes curieuses de la vitre.

L’instant est figé comme un sommeil de drap.

Et comme deux étrangers qui se croisent, le matin oeuvre sur le monde

Qui n’offre que la fumée de ses cheminées ou bien ses pas pressés de néant.

Temps stupéfié


Tu tires sur la cordes du temps tandis que sans effort elle glisse de tes mains jusqu’à ce que la brûlure les ouvre. A genoux, tu constates la fuite qui dresse le mur de l’abandon avant de te ressaisir et de saisir ses matériaux pour bâtir les outils de demain qui pourront stupéfier ce temps et ne laisser que la chance à l’abandon.

La distance du temps


De bonne heure,
A l’instant de la virgule,
Arrive le malheur
Et dans son cris de torpeur,
Il finit par glisser,
Laissant place au bonheur.

Sur la ligne de l’horizon,
L’ardeur d’ailleurs Nous donne
L’éternité pour heure
Tandis qu’au delà
Le rêve s’endort
Drapé d’espoirs étoilés.

La distance n’a pas arrêté l’éclat
Qui ne sait rien du temps.
Mon silence se souvient de mes murmures
Et ne croit plus en hier
Sachant ce qu’était demain
Qui n’est plus rien.

Passages


Au loin, graves,

Les nuages délibèrent sur le sort des terres.

Ici, en sursis de passage,

La lumière discute du printemps.

Les toits montrent de leurs doigts métalliques le vent

Qui tire le temps transparent

En se frottant sur les fenêtres

Et derrière la charge, pousse l’oubli.

L’espace du temps


Le rideau tiré du silence

Est comme un secret sur la lumière

Tandis que les nuages me chuchotent

Le temps qui passe.

Impassible comme une horloge,

Je donne la main à ce matin,

Tandis que je suis plus loin :

Vers le crépuscule inconnu…

Ou vers l’aube oubliée.

Chant de l’instant


Tel un éclat de soleil ardent sur la rosée passagère comme le temps,

Et des profondeurs de sa gorge noire, le merle chante la vérité rayonnante

Tandis que les bavardages élancent leurs croyances passées et à venir

Pour qu’elles ne se noient dans le doute de l’instant.

Souffle d’oubli


Poussé par la peur du vent

Qui fuit la nuit

Les arbres en vain ne retiennent

Que quelques poussières

Qui n’ont que le mélange pour mémoire

Et quelques tourbillons pour raison.

Le temps se range, continue sa marche

Et regarde l’étouffement d’un instant

Avant de reprendre la ligne de son pas

Sur le chemin balayé

Par son souffle d’oubli.

Vigile


Vigile d’un temps qui ne sait rien de l’heure

Sinon que par l’éveil du jour que son plumage dévore,

Alors que ma pensée commence systématiquement par un point,

Un corbeau de sa voix enrouée par l’hiver d’hier,

Après avoir déployé ses ailes

Comme les horloges déploient leurs aiguilles,

Me dit avec force à faire taire tous les carillons

Qu’il est cinq heures.

La pendule, comme une virgule dans ma pensée,

Me murmure sept heures trente-deux.

Empressé


Pour obliger le temps à se presser
Et lui signifier mon empressement,
Je marchais vite quitte à tout renverser.

Transparent qu’il est en éternité,
Les heures se sont écoulées en missions
Pour parler à la patience obligée.

Croyant la moindre minute gagnée,
Sournoisement soumis à leur diktat,
J’espérais leur oubli pour tout présent.

De l’instant donné et tant espéré,
Le temps m’a offert quelques souvenirs
Et le silence en son éternité.

Tous les temps

Tous les temps


Photographie : Boris Sentenac, tous droits réservés

Photographie : Boris Sentenac, tous droits réservés

Au bord de la falaise de l’instant,

Hier figé par tous les temps s’élance,

Sous les bagages de tous les grands vents,

Vers la poussière tressée de demain.

Virgule de silence


La neige fige Paris

En l’époque d’inconnus

Rangés dans les placards

Des secrets embaumés

Par l’âge de leurs papiers.

.

Elle dévore le vacarme

Et offre une virgule

Avant de se faire reprendre par le temps

Qui récupère chaque seconde perdue

En chaque clapotis.

.

A quoi bon entendre le sage silence

Lorsque chacun y va de son bruit

Pour preuve de son existence

Bien qu’il ne soit rien

Sinon que pour mon ignorance ?

Matin endormi


Au matin, le rideau caresse ton sommeil
Qui souffle en brise légère
Sur la patience de chaque objet
Qui me parle de mon silence.

La lumière surveille sans rien dire
Tandis que quelques voisins claquent leur porte
Comme pour rompre avec leurs préférences
En s’empressant de fuir comme le temps.

L’espoir est lumière de nuit
Le rêve est nuit de lumière
L’instant dit le silence en beauté
Qui, sans rien brusquer, unit.

Question de temps


Pourtant transparent, le temps s’impatiente comme une nuit qui a oublié le sommeil ou se lasse comme la lumière du jour qui étale sa fatigue et s’affirme en soumission des mots,

Lorsque la bienveillance n’apparaît vaporeuse qu’en mensonge, tel burin gravant toutes les pierres, et, bien que nulle ombre n’existe sans même un dernier éclat, elle finit en silence gardé soufflant les étoiles.

 

 

La bougie


Sans cesse sur le départ,
Sans cesse se déshabillant de sa parure,
Sans cesse s’étirant dans le sommeil,
Sans cesse bavardant avec le silence des murs,
Sans cesse brûlant son lien avec la vie,
Sans cesse réinventant le temps qu’elle fond en éternité s’écoulant en abandon,
Sans cesse agacée par mon souffle qu’elle menace d’un duel,

Son cœur sombre se lie à son éclat,
Jusqu’à ce qu’elle cesse,
Comme le miracle de la vie transparente sur la mort,
Pareil à l’amour,
D’éclairer la pudeur de la conscience
Sur la robe de l’éternité plus tôt oubliée
Qu’elle retrouve, d’un cœur bleu, pour avoir brillé.

Le temps de l’amour


L’amour est enfant.
Il est étonnement
De nuages dans le ciel
Sans aucune infecte stupeur
D’une pluie résignant au foyer.
De l’âtre, rien n’exige la chaleur,
Des rues, rien n’exige de parapluie
Tous les lieux s’écoulent ou s’illuminent
Toujours légers et vaporeux
En source fraîche d’enfance
Avant que pour le monde
L’amour ne soit pluie.

L’infini s’écoule


Les quelques gravas de saisons oubliées par les temps qui courent me rappellent à la mémoire l’odeur de la pluie furtive dont on s’étonne qu’elle fût et presque sans qu’on ne s’en aperçut.

Il me semble qu’elle est telle ma mémoire vaporeuse en langage étouffé qui déchire le vertige du fossé de la ride.

Et me voilà bavard pour saisir le temps en sens tandis que la lumière sans rien dire continue son voyage.

Je la sais aller loin au-dessus de l’océan qui compte, par chacune de ses vagues et en autant de réminiscences issues de mon odyssée, le temps infini qui pourtant s’écoule.

Silence du temps


Les sourires pour lumière

Passent les phrases trop belles,

Tels les secrets de prières,

Sans l’oubli des hirondelles

Et de leurs rires.

 

 

En l’hiver et son vent froid,

D’elles, on ne parle jamais

Le temps se tenant en roi,

Ouvrant le chemin vers mai

Sans rien nous dire.

Retombée répétée


Les mots secs s’étalent sur la page blanche que la brise soulève comme pour tenter d’éveiller de la nuit le souvenir sur le devenir.

 

Le temps déposera les eaux de son abandon sur la page gondolée que la poussière recouvrira comme pour tenter de compter les jours du souvenir sur le devenir.

 

L’oubli sera le ruban gris et son nœud sera son seul mot qu’il prononcera comme pour tenter d’étaler sa couverture transparente sur le souvenir sec craqué.

 

Et durant tout ce temps,

Ton silence ne sera

Que mensonge éternel passé.

Virgule

Virgule


Calligramme : Boris Sentenac,

tous droits részrvés

La vie est une virgule de temps, tel un souffle pour parfums, pour mots de couleurs à dire à pleurer ou à chanter, une caresse de lecture à prendre et à donner, inscrite en encre noire sur l’ouvrage de l’éternité.

Temps sphérique


Au jour seulement, n’ayant que faire des poussières d’étoiles, quelques moutons broutent la montagne comme pour s’envoler en nuages.

D’une illusion de lumière pour une autre, comme pour se souvenir de l’avenir, l’esprit cristalise en temps sphérique.

Réveil


La poussière de bruits de rues voisines s’envole jusqu’à mon regard.
Les hirondelles déchirent et recollent le ciel.
Furtivement, avec la discrétion de l’éternité,
Le temps ne franchit plus ma fenêtre :
Il s’imprime en blanc vaporeux sur le rêve ensoleillé,
Tandis que les ombres font l’alphabet de l’instant.

A mesure que les secondes étirent leur drap de sommeil,
La curiosité s’éveille lentement,
Soufflant comme la caresse d’une brise légère
Les restes du vacarme des paupières sourdes de la nuit.
Il s’efface en oubli vaporeux sur le monde illuminé
Tandis que les mots feront les ombres de la journée.

Regard sur le temps


Ma lucarne figée comme la saison scrute l’âge de l’abandon, le temps des promesses, la moitié de vie répétée.

Au loin, au-dessus des toitures présentant leur profil en parallélogramme de leur cadre régulier, l’hiver peigne les arbres et s’enfile dans les flammes froides des peupliers, tandis qu’auprès de tous les souvenirs élancés de feuilles, conversant sur le vent, s’égoutte le ciel de ses larmes.

La transparence des veines jusqu’à l’origine fera la couleur du printemps tombant en lumière pour l’heure grise, comme le silence sur fouillis de branches sombres de patience comblée de mots bruyants pour tous et brillants que pour soi, même pour toi.

Tic – tac d’hiver


A la recherche d’un trésor, la nuit a fouillé les petits paradis clos délaissés pour le soleil du foyer.

Surprise par le matin, elle a fui en abandonnant les galaxies de pierres précieuses, faites de lumière, de froid et d’eau, répandues en poussière de lune.

Le soleil va les souffler pour les polir comme cristal de larmes avant que la nuit ne revienne pour tenter à nouveau de s’en emparer.

Le temps s’égrène en cavernes de tes oreilles endormies et s’écoule en transparence des heures.

Le temps est un voleur qui ne se dérobe pas.

Promenade


Le temps pédale sur le mur.
Son effort d’est en ouest
Traverse les ombres
Engourdies du matin
Et endormies du soir.

L’ordre muet efficace ici
Et dicté d’ailleurs,
Souvent par d’autres heures,
Fait nos mouvements
Du sien imperceptible.

Dehors, même lorsqu’ils semblent impatients,
On croirait que les nuages étrangers,
Usant d’une autre langue,
Ont choisi de l’ignorer,
Et que le vent tente de le souffler.

Riche d’impertinence
On s’est émerveillé au printemps,
Endormi en été, réalisé en automne,
Pour mourir en hiver,
Pauvre de sagesse.

Jamais pressé, et sans jamais oublier
Une seule seconde,
Sa course livre l’efficace ennui
De notre regard obligé
Sur son guidon d’aiguilles.

Nous le croisons se promenant
Mais nous ne pouvons
Que le regarder s’éloigner,
Ne pouvant le suivre
Car nous n’avons pas son équilibre.

Poésie 1


Le ciel a fermé sa paupière de nuages.

Son rêve éclaire sans ombre le matin qui sait le jour.

Le songe patiente comme un enfant soumis au temps

Et qui s’occupe en un ennui d’oubli.

 

Sonne midi.

 

Avec l’alphabet des étoiles promises

La poésie s’écrit sur la page des premières heures,

Se déclame du zénith au crépuscule et,

Au levé des tous les points scintillants

Qui ont fait nos phrases avant de les terminer,

Elle s’étale en silence de solitaire

Sur les ultimes espoirs mourants du vécu.

Comme temps perdu


Chardon, photographie : Boris Sentenac tous droits réservés

Chardon, photographie : Boris Sentenac tous droits réservés

 

Quelle est donc ta vertu

Que tu gardes en ton cœur

Toujours insondable ?

 

Par ta couleur tu as

L’habit de l’instant mauve,

Crépuscule de l’adieu

 

Que suit celui grinçant,

S’ouvrant une ultime fois,

Sur l’éternel oubli.

 

Et tu te pares d’argent

Et t’étires tels rayons

Ne pouvant faire astre

 

L’énigme insondable

Entre ton grand secret

Et ta sauvagerie

 

A la caresse qu’ainsi

Heureux de ton malheur

Tu ne recevras pas.

 

Tu es l’invasion sèche

Du jardin en son rêve,

Du clos de quiétude

 

Avec tous ses sourires

Attrapés en plein vol

Par les quelques abeilles

 

Qui, chantant le silence,

Les relâchent à la belle.

Tu es gourmand d’éclat

 

Comme si son origine

De l’infini des nuits

Pouvait être ton or

 

Et tu oublies qu’il brûle

Sans ravir l’univers.

Tandis que toi chardon

 

Sec, tu finis vêtu

De mort et d’orfèvre

Mais en rien infini.

 

Quelle était ta vertu

Bien gardée en ton cœur

Pareil au temps perdu ?

Larme de rose


Au matin quand le silence ne sait si la louange de l’heure est déjà chaude ou encore froide, le temps à cet unique instant se fige et la terre timidement donne ses vapeurs tandis que le ciel n’ose encore les saisir.

 

Chaque jour commençant est le règne de l’ignorance fugace comme la vie, éternelle comme jamais aucune de ses empreintes. Le soleil en seule horloge s’élève pour faire de sa couleur la lumière pour la naissance des ombres et la brûlure des blés. La vie se fait avec la mort.

 

Le matin : un instant figé comme la mort, nous parle du nécessaire de la vie. De l’éternité mélangée au chaos comme pour défaire le néant qui guette. Et parce que l’on sait l’horizon aveugle du cyprès, horizon de murs pudiques ou horizon de l’éternité à la grille lourde et grinçante comme une insulte envers le silence, il ne se dit aucun mot.

 

Et puis soudain se fichant de la volonté des hommes, du ciel et de la terre, du haut de sa tige d’épines cohérentes à son caractère et paradoxales à sa beauté, sur sa robe froissée de rêves, se destinant à rattraper la pente du temps, perle une larme de rose.
Dans le même thème, découvrez le poème de Margot Roisin :

Rose rouge.

A la lisière du poème


A la lisière du poème
Le vent prend son souffle
Avant d’offrir
Les mots en nuages.

Le temps est partout,
Peu importe sa lumière,
En train de poussières,
Maintenant est ailleurs.

Le chant de l’oiseau
Est éternel.

Tout était déjà là
Avant d’écraser ton verbe,
entrain de souvenirs,
Tout est déjà mort.

Tes mystères
Et la réalité
Font ta vérité,
A la lisière du poème.

Ton voyage n’a que faire
De sa destination.

Boucle


L’homme nouveau sur terre ancienne

Ne parle que de son nuage.

Le pouvoir façonne les rêves

Sans jamais construire le sien.

 

La terre ancienne à l’homme nouveau

Parle de ses ors offerts puis repris sur ses mers.

Les rêves façonnent un temps

Sans jamais reconstruire le sien.

 

Les rêves sont les étoiles

Dont on ne devine l’ardeur.

Elles façonnent l’espoir sur leur lit noir

Sans jamais faire taire le cauchemar.

Chemin de vie


Photographie : Jean – Michel MELAT – COUHET, tous droits réservés.

 

D’un néant à un autre,
Tes souvenirs et tes projections
Accrochés à ton chemin,
Incrustés sur la cavité de ton temps
Reflétant la lumière aveuglante
Ainsi mystère parlant bonheur
Pour te séduire et te faire voyageur,
Tu ne sais vers quoi tu vas,
Tu ne sais que ce que tu crois.

 

Découvrez le regard de Jean – Michel Melat – couhet :

http://www.j2mc-photographie.fr/

L’âge d’un nuage


Le temps à l’âge d’un nuage.

 

Phénix des ères transparentes comme le lit des nuages qui en voyage marque ses heures, il se renouvelle sans cesse ici ou ailleurs.

 

Universel comme l’éternité, il étire son silence en l’instant de tous les temps.

Envolé


Les arbres patientent de saisons en saisons jusqu’à faire indienne leur longue file. Ici, au détour d’un regard, l’un dans l’ombre de l’autre crache la flamme d’automne.

 

Soudain une rafale, venue de devant, tire les feuilles comme on tirait les oreilles d’un enfant jusque devant sa bêtise. Les feuilles virevoltent et s’envolent loin dans l’oubli, loin derrière l’aiguille que je fais de mon temps comme tous solitaires avançant dans le vent ne saisissant, silencieux aux oreilles froides, rien du présent.

D’un temps


Larmes en nombre d’étoiles,

Pour condamnés en nombre d’un monde,

Dans la brise qu’elles ont caressée,

Après un dernier adieu,

Sous les pleurs de quel dieu

Avare de couleurs,

Sinon que celui d’un temps

De tout temps fait de l’oubli,

Les mains voleuses de lumière,

Jonchent – elles le sol ?

Monde à venir


Photographie : Boris Sentenac (droits réservés)

Photographie : Boris Sentenac (droits réservés)

 

Phares endormis d’un temps de mémoire dans un océan du temps aveugle de lumière, l’éclat en silence habille en ombre la flèche s’étirant vers les étoiles invisibles.

 

Sur la lumière se dessine l’hiver où à chaque extrémité se disent toutes les promesses en solitude froide.

 

Le rempart des fenêtres, chacune unique pour le même reflet, fait secret les regards comme autant de vérités qui s’unissent dans le même mensonge, décrié mais consenti, de la cité.

 

Espoir perdu de bâtisseurs, on accuse le temps d’en être le voleur pour continuer la persuasion de la raison.

 

Océan du temps aveugle de lumière sur phares endormis d’un temps de cauchemar à venir, l’éclat en tintement n’habille qu’en nombre l’indice s’écrasant sur nos larmes d’étoiles.

Un instant comme un sourire


photo Delphine Rupp

photo Delphine Rupp

En virgule des jours, au bout de tous les pas, dans un silence de regard, dans la caresse du voyage de l’invisible en partance pour un autre intouchable, nous voici, pour quelques repos de passages et en tous temps du monde, sous quelques faiseurs d’ombres qui s’extasient du reflet éventé des cieux.

En poésie de l’instant, et tout comme elle, l’inutile devient fondamental.

Souvenirs en lit de rêves


Berceau d’étoiles aux branches invisibles

Plongées dans un seau de survie

En guise de magasin sur un trottoir

Caressé par le dieu des mimosas

Dans sa douceur hivernale et prometteuse

Des couleurs du printemps à venir,

 

Furtif parfum en rire de lumière

Courant en joie comme un enfant

Transparent aux rides faisant couronne

Du regard de leur gardienne qui se sert

De la magie de l’éclat fleuri

Sans plus croire à son langage,

 

La poésie n’est cependant pas bourgeoise.

Elle est la noblesse d’être du temps

Avec la lumière de tous les instants.

Le passant dédaigne le rire,

La marchande s’expose au silence

De larmes sèches arrachées par tous les vents.

 

Pour tous, habillés de nuit,

En sérieuse hiérarchie d’austérité,

C’est une opportunité simple

Au demeurant naïve et manquée

Comme une honte de souvenirs

En paisible lit de rêves pourtant éternels.

Quotidien


 

Au loin, dans le matin froid, la montagne Sainte Victoire fumante de ses rêves joue sagement à cache – cache avec les collines vertes qui glissent dans le quotidien terne et presque transparent du passé drapé d’habitudes linéaires que chantent en monotonie majeure toutes les minutes des trente cinq du bus au sens des heures à pointer.

 

Dans le néant du soir d’hiver, me voici conscient de la langueur obligée passée et dans le déni de la fugacité de l’essentiel simple à venir. La monotonie est alors virgule des temps. No man’s land comme enfance aveugle sur les minutes qui ressemblent aux heures.

 

L’oubli se coince pincé dans l’empreinte, comme la route, entre les reliefs du matin et ton sourire du soir. Le temps n’est rien.

Lis vers l’hiver


Illustration : Svetlana Sirenko (droits réservés)

Illustration : Svetlana Sirenko (droits réservés)

 

Par quelles amarres, à quel port et de quelle époque s’accrochent les maisons injuriant la transparence du temps en couleurs comme timbre d’un cri de vie ?

 

Tourbillon de l’instant jetant sa force centrifuge sur les murs gardiens des mystères de chacun, en italique inversée, on devine les trésors jaunis des placards du fond des ombres.

 

Tandis que la brise de demain balaye la poussière dans la poubelle d’hier, jouant du ciel et d’un arbre éteint aux feuilles de plumes engourdies, la lune chante sur ces violons. Ces cordes de briques, de bois et de terre jouent en nostalgie.

 

Paradoxe du vent qui souffle dans l’oubli tout ce qui s’accroche sur les larmes qui font la survivance de tout ce qui est mort. En guise de réponse apaisante, c’est au crépuscule qu’on célèbre la lumière pauvre et froide en vernis et en pigments.

 

En robe de silence et de constance tel galet sans autre âge que celui de l’éternité, ton chien te suit en patience guidée par sa confiance sans condition et ne traite ainsi le temps qu’en sa présence.

 

Que regardes – tu dans l’invisible qui te fouette ? Crois – tu que la vie est toujours pour demain ?

Quand soudain…


Tandis que la place s’étale dans un bruit diffus, le temps se fige par la lumière de ton regard habillé par la malice de ton sourire à faire blêmir celui de la nuit. Il n’est plus d’autre étoile dans mon souffle saccadé, en voyage sans boussole, guidé par un vent de tempête à la seule rigueur de ta caresse.

Quand soudain…

Le silence prend sens. Nous errons depuis quelques mots d’inconnus médusés dans l’étonnement qui se refuse  à sa raison. Il se répète comme pour revenir sur une erreur.

Quand soudain…

Certain du langage, la colère reprend le silence. Son souffle léger s’envole, irrattrapable comme un enfant qui court avec le rire de toutes les émotions. Tristesse, colère et peur se mélangent avec la joie encore vivace de l’instant d’avant.

Quand soudain…

Notre essentiel naissant devient malgré nous indécent. La joie est morte : fusillée loin de là. Il n’y a plus de lieux, plus de couleurs. Les larmes sont encore en caverne tandis que le soleil pétillant de nos verres n’a plus d’inclination dans ses messages de toute soif.

Quand soudain…

Le premier temps d’un amour qui s’avoue éclate avec l’écho des canons sans aucune raison tandis que d’autres, voilés par la folie, meurtriers et ignorants de la lumière de ces instants, se font exploser pour des idées aspergeant sur notre idylle comme sur leurs victimes une mort pour rien.

Quand soudain…

Il n’est plus d’autre étoile dans le souffle saccadé du monde, en voyage sans boussole, guidé par un vent de tempête à la seule rigueur du chaos.

Silence


Immobile transparence sur l’oubli du temps, point du néant, vacarme de sommeil, mystère de l’ombre, il est des promesses imperceptibles.

 

Instant de vérité insaisissable, le silence est père malheureux de l’espoir d’une vie de tous les mensonges.

Eclat de nos jours


Sur le balcon de nos rêves qui s’endorment à la caresse de la jeune chaleur, les ombres s’accrochent encore comme sécheresse de nuit.

 

Un angélique sourire de désolation sur cet inutile aveugle se fait guise de croissant de lune sous l’éclat de tes yeux comme étoile de ton « bonjour ! »

 

Ma main accompagne alors la brise dans la fougue coiffée par l’oreiller et restée figée.

 

La richesse des heures endormies nous offre le temps du midi qui n’aura ni heure ni clocher. La spontanéité est l’innocence de la vérité.

 

La lumière est encore silence et, avant même d’entamer le tintamarre de la journée, se dépose sur l’oppression des méfiances sombres et condamnées, à la pointe du jour, l’éclat simple de nos jours.

Au chant des cigales


Cachée derrière les containers cerbères de ce qui n’est plus, tu attendais le carrosse bleu gardien de ce qui allait être en promesse éternelle.

Vers l’inconnu, comme envoûté par les sirènes de chaque été se faisant mystère des terres, l’espoir filait contre les vents pour se camoufler du soleil brûlant et ne profiter que des caresses des brises sur nos cœurs, nos regards et nos sourires envoûtés.

La poussière dansait sous nos pas silencieux et timides avant que le souhait ne soit foi. Le temps se figeait alors en lumière et en couverture de lit de terre de feuilles et d’amour.

Ici le souvenir reste un miracle. L’instant se fait mémorial. Et nous voici bravant les saisons à chanter comme ces cigales témoins de la patience à jamais rompues.

L heure entame un adieu, l’éternité rayonne sur notre bonjour.