Transition essentielle


A la porte du silence,
La fougère, de ses doigts de savoirs, montre le chemin
Sous la canopé des bois
Qui gardent leur monde comme un vieux trésor en son coffre.

Les oiseaux comptent le temps de chaque ombre
Que découpe une lame de lumière
Pour faire un jour de pudeur
Qui s’offre en repos des plaines opulentes traversées.

Les regards jettent leur point de vue
En transparence pour ne rien déranger
Et se garder d’un autre inconnu
Pourtant trop bien su.

Le chemin traverse la bulle verte et humide
Où niche l’espoir de demain
Sur le savoir d’aujourd’hui fait d’hier,
Et rien ne prédit les sommets à gravir
Et l’horizon à gagner.

La plaine est à l’égal du rêve
Et avant de me réveiller en sa suite nouvelle,
Ordonnée de la même rigueur pour donner le même nécessaire,
J’inspire profondement pour offrir le souffle de l’essentiel.

De nécessaire en essentiel


Chaque jour assoiffé, je n’entendais plus que le rire de pierre de mon amie la rivière.

Sans autre expression que sa moquerie sur ma sécheresse,

Abondante et généreuse, elle offrait sa présence comme une embrassade légère.

Elle se savait nécessaire jusqu’en mes rires qui accompagnaient les siens

Mais de jours en nuits c’est la silencieuse poésie qui m’a gorgé d’essentiel.

Depuis, sans abandon, la nuance écoute nos paroles sages de bonheur.

Aucun ventre n’est essentiel


A l‘heure où la chevauchée de nuages tire sa calèche chargée du
bouquet des adieux

Il n’est que souvenirs de fleurs de saisons déjà passées

Comme la page d’un poème qui t’entraîne vers le suivant,

Comme le repas qui questionne le prochain,

Comme le charme qui tire vers l’horizon à jamais inconnu.

Et quand les perles de silence apparaissent sur la virgule d’ombre
pour souffle de sommeil,

En paix, tu sais que pour le monde aucun ventre n’est essentiel.

Unique (être)


La sage brise d’un printemps mûr souffle sur les nuages pour lever le voile posé sur les étoiles.

Il n’est plus temps d’avoir pour être sinon que les regrets de n’avoir pas su plus tôt l’essentiel du ciel.

Tout est multitude simultanée que chacun a sans détenir pour être.

Essence ciel


Les étoiles se sont rassemblées en carte d’espoirs.

L’apprentissage de sa lecture
S’est inscrit dans le temps imperceptible,
Comme le monde lors du sommeil
Préparant à l’ombre, soignant l’hystérie
De nos lumières bruyantes au grand jour.

Silencieux sur le bruit rassurant de chacun
Qui fait chaos en reflet des couleurs du monde,
L’espoir fort et sage voyage
Vers le bonheur simple et essentiel.

Essentiel oublié


 

 

Illustration Margot Roisin

Illustration Margot Roisin

 

 

En cris, en lumières clignotantes comme moqueries des étoiles et en maigres éclats se faisant lois à faire rire tous les soleils de tous les jours finissant sur mousse de velours, nous sommes tous pour nous-mêmes superficiels en bataille à gagner pour une guerre perdue.

 

Puis soudain, d’hier pour aujourd’hui, sur un lit de papier pour poussière ancestrale taillée, en langage de nuances comme nuages s’élevant du drap de terre sur lequel elle pose, apparaît, en nourricière, la beauté.

 

Nulle couleur au devenir de nuit n’est, et, en légèreté de silence, s’exprime l’essentiel oublié de la vie.

Quotidien


 

Au loin, dans le matin froid, la montagne Sainte Victoire fumante de ses rêves joue sagement à cache – cache avec les collines vertes qui glissent dans le quotidien terne et presque transparent du passé drapé d’habitudes linéaires que chantent en monotonie majeure toutes les minutes des trente cinq du bus au sens des heures à pointer.

 

Dans le néant du soir d’hiver, me voici conscient de la langueur obligée passée et dans le déni de la fugacité de l’essentiel simple à venir. La monotonie est alors virgule des temps. No man’s land comme enfance aveugle sur les minutes qui ressemblent aux heures.

 

L’oubli se coince pincé dans l’empreinte, comme la route, entre les reliefs du matin et ton sourire du soir. Le temps n’est rien.

Mer


Berceau des lumières, du jour et de la nuit, tu t’en fais parure dans le langage de ta danse incessante. De quel rayon de caractère t’inspires – tu pour te faire soleil ? Tu te fais brûlure de vie en arguant de réponses aveuglantes. De quel éclat de caractère t’inspires – tu pour te faire lune ? Tu te fais possessive des couleurs en hurlant protéger les rêves.

 

Ventre des secrets de l’essentiel, tu permets d’être à tes enfants fidèles tandis que tu es noyade pour les fils des aventuriers des terres qui t’ont quittés. Tu es caméléon du ciel en souvenir de l’audace de leur rêves et tolérante à leurs caresses sur ta surface.

 

Belle négociatrice, accepte les rivages. Ne te fais pas ogre du monde après en avoir été la mère. Admets, pour que perdurent tous les amours, que si nous ne sommes chacun que matelot à l’origine de tes tempêtes, à l’origine de nos manques nous devenons capitaine.

 

Sur le même thème vous pouvez lire de Margot Roisin https://versantares.wordpress.com/2016/02/09/souffrances-de-la-mer/

Quand soudain…


Tandis que la place s’étale dans un bruit diffus, le temps se fige par la lumière de ton regard habillé par la malice de ton sourire à faire blêmir celui de la nuit. Il n’est plus d’autre étoile dans mon souffle saccadé, en voyage sans boussole, guidé par un vent de tempête à la seule rigueur de ta caresse.

Quand soudain…

Le silence prend sens. Nous errons depuis quelques mots d’inconnus médusés dans l’étonnement qui se refuse  à sa raison. Il se répète comme pour revenir sur une erreur.

Quand soudain…

Certain du langage, la colère reprend le silence. Son souffle léger s’envole, irrattrapable comme un enfant qui court avec le rire de toutes les émotions. Tristesse, colère et peur se mélangent avec la joie encore vivace de l’instant d’avant.

Quand soudain…

Notre essentiel naissant devient malgré nous indécent. La joie est morte : fusillée loin de là. Il n’y a plus de lieux, plus de couleurs. Les larmes sont encore en caverne tandis que le soleil pétillant de nos verres n’a plus d’inclination dans ses messages de toute soif.

Quand soudain…

Le premier temps d’un amour qui s’avoue éclate avec l’écho des canons sans aucune raison tandis que d’autres, voilés par la folie, meurtriers et ignorants de la lumière de ces instants, se font exploser pour des idées aspergeant sur notre idylle comme sur leurs victimes une mort pour rien.

Quand soudain…

Il n’est plus d’autre étoile dans le souffle saccadé du monde, en voyage sans boussole, guidé par un vent de tempête à la seule rigueur du chaos.

Ferme les yeux


Les pissenlits sonnent en jaune le printemps timide et narguent pourtant les platanes depuis longtemps et encore aux ordres froids.

Au murmure deviné des étoiles, comme un non dit que l’on sait malgré tout et dont on croit la trahison trouble et fatale, l’emprise de la nuit se fait la peur du secret.

L’arrogance, au lendemain de l’effroi, est arrachée et éparpillée par le souffle de l’avenir encore en cours et toujours naïf à cet âge hâtif.

Pourtant, la destinée reste l’essentiel du pimpant naïf qui souffle dans le nécessaire de la futilité et se faisant alors orage des poussières d’horloge.

Vois – tu la transparence d’un rien relatif à nous ? Ferme les yeux pour voir !