Vers les heures du monde


En porte manteaux
Sous les néons immobiles
Du voyage secret des rues
Nous allons tous
Dans le silence de nos habitudes
En vérifiant les stations
Et en déduisant le flux
Des sortants vers d’autres habitudes
Et des entrants qui comme nous déjà
Ne partageront rien des leurs.
Puis en saison de lumière,
Nous oublions ce quotidien vide
Comme si une virgule faisait un point
Sur une phrase vide,
Ne s’exprimant qu’après la ponctuation
De l’escalier du tunnel vers le jour
Et en attendant de nous retrouver
Pour poursuivre les heures du monde.

Secrets des heures froides


L’heure est si froide

Qu’elle s’est endormie

A force d’attendre le jour.

Quelques pas traversent les rues,

Se pressant discrètement pour ne rien déranger.

Tout est prêt comme un secret que pourtant chacun sait.

Puis, venant border la nuit, le jour étire sa brume

Jusque dans celles des tasses et des bols

Dont on ne sait que la galaxie de silences

Que l’on tournoie comme pour réchauffer

L’heure encore trop froide

Qui s’éveille de nos rêves

Et dont il faut se couvrir.

Midi des hommes


Derrière le rideau élégant du rêve éclatant

Les ténèbres d’hier scrutent le fruit de notre étoile.

Tinte au midi des hommes, comme pour me désigner,

La tour des heures, des prières et des pénitents.

Caché tel un écho derrière les hauts murs des voiles,

Du regard, je dévore le sucre sans barguigner.

Tic – tac d’hiver


A la recherche d’un trésor, la nuit a fouillé les petits paradis clos délaissés pour le soleil du foyer.

Surprise par le matin, elle a fui en abandonnant les galaxies de pierres précieuses, faites de lumière, de froid et d’eau, répandues en poussière de lune.

Le soleil va les souffler pour les polir comme cristal de larmes avant que la nuit ne revienne pour tenter à nouveau de s’en emparer.

Le temps s’égrène en cavernes de tes oreilles endormies et s’écoule en transparence des heures.

Le temps est un voleur qui ne se dérobe pas.

Sans sagesse


Les courbatures du matin
Désignent l’injure faite à la nuit
Et l’avertissement de la mort.

La nuit va se couvrir
De fatigues et de rêves
Hurlant de silence.

La mort n’existe
Que parce que la vie
Ne s’endort jamais.

Les heures violées
Sans sagesse de sommeil
Font soleil de vie.

Quotidien


 

Au loin, dans le matin froid, la montagne Sainte Victoire fumante de ses rêves joue sagement à cache – cache avec les collines vertes qui glissent dans le quotidien terne et presque transparent du passé drapé d’habitudes linéaires que chantent en monotonie majeure toutes les minutes des trente cinq du bus au sens des heures à pointer.

 

Dans le néant du soir d’hiver, me voici conscient de la langueur obligée passée et dans le déni de la fugacité de l’essentiel simple à venir. La monotonie est alors virgule des temps. No man’s land comme enfance aveugle sur les minutes qui ressemblent aux heures.

 

L’oubli se coince pincé dans l’empreinte, comme la route, entre les reliefs du matin et ton sourire du soir. Le temps n’est rien.