Grues


Rondes de flèches de fer

Soulevant chaque poids insignifiant de sens

Voici que votre œuvre masque les collines

D’anciens moulins dont la mémoire

Est poudre telle farine sans destin de pain.

A votre bras de toile, aucun vent ne s’agrippe

Et le piège structure par l’éphémère

L’élan gris sur l’élan des regards.

Bientôt, des foyers aux sols vagabonds du sol

Vont accueillir les nouveaux privilégiés des collines

Tandis que la corde de la fenêtre que j’occupe

A l’horizon de souvenirs se dressera

Toujours en silence sur le lendemain d’instants passés.

Et pourtant quand je vous vois, ici,

Derrière ces carreaux qui ont la transparence et le reflet

A n’être pas les miens, de mon silence comme du leur, je me vois.

Lent réveil


Le soleil réveille l’éminente tour comme pour lui retirer sa couleur d’ombre et lui indiquer sa haute mission. Endormie elle se laisse caresser par la promesse de la lumière, dans son silence mystérieux pour robe de nuit.

 

Déçue par la promesse de la lune devenue comme elle simple nuage, la fumée blanche élancée d’une cheminée appui l’astre en son bavardage. Elle semble désormais prétexter de sa chaleur pour recevoir sa protection.

 

Les corbeaux donnent leurs ordres tandis que les pigeons semblent feindre un lent réveil.

 

Le temps d’un poème, pour seule réponse arrogante, les vitres noires renvoient un éclat du matin avant d’étaler enfin leur aiguille sur la ville.

 

La fumée blanche insignifiante semble déçue de n’être qu’un bruit de transparence. Elle semble se cacher derrière sa soumission ne gardant que des mots de superstitions.

 

Les corbeaux donnent encore leurs ordres et les pigeons acquiescent tandis que les hommes boivent toutes les plumes amères en lent réveil.

Regard sur le temps


Ma lucarne figée comme la saison scrute l’âge de l’abandon, le temps des promesses, la moitié de vie répétée.

Au loin, au-dessus des toitures présentant leur profil en parallélogramme de leur cadre régulier, l’hiver peigne les arbres et s’enfile dans les flammes froides des peupliers, tandis qu’auprès de tous les souvenirs élancés de feuilles, conversant sur le vent, s’égoutte le ciel de ses larmes.

La transparence des veines jusqu’à l’origine fera la couleur du printemps tombant en lumière pour l’heure grise, comme le silence sur fouillis de branches sombres de patience comblée de mots bruyants pour tous et brillants que pour soi, même pour toi.

Regard embué


Sur la vitre embuée, l’arbre d’eau dessine ses limites en traits d’hésitation découpant, en opulence dégoulinante, la certitude fine et statique.

Aucune feuille n’est à voir devant le choc thermique éphémère qui raconte le jardin qu’il occulte comme les pleurs d’un enfant. La transparence est nue comme tout regard embué.

Tic – tac d’hiver


A la recherche d’un trésor, la nuit a fouillé les petits paradis clos délaissés pour le soleil du foyer.

Surprise par le matin, elle a fui en abandonnant les galaxies de pierres précieuses, faites de lumière, de froid et d’eau, répandues en poussière de lune.

Le soleil va les souffler pour les polir comme cristal de larmes avant que la nuit ne revienne pour tenter à nouveau de s’en emparer.

Le temps s’égrène en cavernes de tes oreilles endormies et s’écoule en transparence des heures.

Le temps est un voleur qui ne se dérobe pas.

L’âge d’un nuage


Le temps à l’âge d’un nuage.

 

Phénix des ères transparentes comme le lit des nuages qui en voyage marque ses heures, il se renouvelle sans cesse ici ou ailleurs.

 

Universel comme l’éternité, il étire son silence en l’instant de tous les temps.

Voeu


Comme aucun vacarme, le cri du propos n’en est pas la force. Il n’est que tempête venue du désert du bonheur. Son souffle n’est que transparence de revenants. Il n’engendre que la crainte sans jamais se faire respect.

 

Fermer les yeux n’efface aucun fantôme.

 

Il n’est de spectre que celui de nos faiblesses. A chacun, à chaque communauté, sans rien renier d’essentiel, en ce moment d’espérance comme en tout autre pour chacun, en cette époque charnière pour tous, puisque nul ne sait si la poussière de l’horizon vole par colère ou en sérénité, pour qu’éclate alors la peur des mystères et que les cris deviennent chants, je souhaite la force d’admettre les mots simples à dire de chacun dans sa sincérité comme à entendre dans la tolérance par tous. Je souhaite à tous les mots simples de toutes les vérités.

Lis vers l’hiver


Illustration : Svetlana Sirenko (droits réservés)

Illustration : Svetlana Sirenko (droits réservés)

 

Par quelles amarres, à quel port et de quelle époque s’accrochent les maisons injuriant la transparence du temps en couleurs comme timbre d’un cri de vie ?

 

Tourbillon de l’instant jetant sa force centrifuge sur les murs gardiens des mystères de chacun, en italique inversée, on devine les trésors jaunis des placards du fond des ombres.

 

Tandis que la brise de demain balaye la poussière dans la poubelle d’hier, jouant du ciel et d’un arbre éteint aux feuilles de plumes engourdies, la lune chante sur ces violons. Ces cordes de briques, de bois et de terre jouent en nostalgie.

 

Paradoxe du vent qui souffle dans l’oubli tout ce qui s’accroche sur les larmes qui font la survivance de tout ce qui est mort. En guise de réponse apaisante, c’est au crépuscule qu’on célèbre la lumière pauvre et froide en vernis et en pigments.

 

En robe de silence et de constance tel galet sans autre âge que celui de l’éternité, ton chien te suit en patience guidée par sa confiance sans condition et ne traite ainsi le temps qu’en sa présence.

 

Que regardes – tu dans l’invisible qui te fouette ? Crois – tu que la vie est toujours pour demain ?

Silence


Immobile transparence sur l’oubli du temps, point du néant, vacarme de sommeil, mystère de l’ombre, il est des promesses imperceptibles.

 

Instant de vérité insaisissable, le silence est père malheureux de l’espoir d’une vie de tous les mensonges.

Transparence des couleurs


Les pétales de sang, au milieu des herbes qui se faisaient écho du ressac de nos paroles de caresses que seule la brise rappelle, effleurent des brûlures de la saison.

 

A l’heure bleue, les paupières sont rideaux des étoiles et l’absence ne t’enlace que trop mal pour t’empêcher de sombrer dans les abysses d’un mauvais rêve.

 

Loin du temps et de l’espace des couleurs, mon espérance est la boussole de la solitude qui sert de radeau sur l’océan lit de nuit.

 

Rude terre promise, voulue comme horizon, où, en mauvais mariage, se confond volonté et espérance ne donnant que transparence.

Couleur de brume


20140920_184510

Photo Boris Sentenac, tous droits réservés

Rêves amarrés comme sentinelles endormies des eaux, ils n’ont su garder les couleurs. Le dernier éclat de lumière qui se glisse dans les draps à peine froissés du port les a absorbé.

Les paroles de la ville caressent l’abandon en s’enfonçant inaudibles au profit inutile des mouettes soumises au démon de vapeur qui se réveille.

Ce soir, le dernier rayon sera blanc et diffus tel l’ennui et le dédain qui se promènent tandis que les nuances délaissées ont déjà trouvé refuge dans ton regard.

Le voyage commence alors. Furtif ouvrant sur l’éternel, le souvenir se fige sur l’espoir de la transparence commune devenue notre trésor de brume.

Eblouie


Eblouie par le soleil, tu n’as pas vu la lune s’installer sur le jour sublimé par ton cœur.

Depuis, parce que ton ivresse a été ton oubli du crépuscule, tes larmes reflètent la transparence de l’éclat de la nuit sous le regard lumineux et pâle de la réminiscence de ton mystère de désolation brûlante.

Si la lune s’invite le jour, le soleil déserte toujours les ténèbres et tu sais que la lumière n’est rien non plus sans ce qui la reflète. L’absence ne peut signifier que ta propre tentation et la souffrance de ton cauchemar déguisé en rêve ressemble à un épouvantail en costume moqué par tous les corbeaux.

Maintenant, à chaque heure de tous les jours qui se font nuit, tu vis de touffeur écrasante d’ennui telle la solitude d’un univers entier perdu dans ses étoiles ainsi devenue brillante de néant.

Quand les couleurs reviendront, avant même que le bon sens des pauvres gens ne devienne rengaine, prend la chaleur et méfie-toi de l’aveuglement d’un zénith trop bas.

Ferme les yeux


Les pissenlits sonnent en jaune le printemps timide et narguent pourtant les platanes depuis longtemps et encore aux ordres froids.

Au murmure deviné des étoiles, comme un non dit que l’on sait malgré tout et dont on croit la trahison trouble et fatale, l’emprise de la nuit se fait la peur du secret.

L’arrogance, au lendemain de l’effroi, est arrachée et éparpillée par le souffle de l’avenir encore en cours et toujours naïf à cet âge hâtif.

Pourtant, la destinée reste l’essentiel du pimpant naïf qui souffle dans le nécessaire de la futilité et se faisant alors orage des poussières d’horloge.

Vois – tu la transparence d’un rien relatif à nous ? Ferme les yeux pour voir !